La mesure est annoncée depuis de nombreux mois : les voitures Diesel Euro 5 (avant septembre 2015) doivent être interdites à la circulation dès la 1er janvier 2025. Dans la capitale, ce sont 33.000 véhicules qui sont concernés selon les estimations, mais 850.000 à l’échelle nationale. Il y a toujours moyen de rouler, mais l’opération s’avèrera vite impayable et limitée dans le temps puis qu’il faudrait s’acquitter d’une taxe journalière de 35 euros (20 euros pour les 2 roues et 50 euros pour les poids lourds) et pour un maximum de 24 fois dans l’année.
La décision d’interdire ces véhicules, qui concerne également les motos Euro 3 et les véhicules essence Euro 2, n’est pas sans controverse. Sauf que tout ceci ne se produira pas. Ou en tous cas, pas tout de suite. En effet, les négociateurs pour la formation du gouvernement bruxellois ont d’ores et déjà annoncé un report de la mesure à 2027, soit un délai de 2 ans.
Un bras de fer politique ?
Mais pourquoi ce report alors que cette interdiction était coulée dans le précédent accord de gouvernement ? En réalité, c’est le tandem MR-Engagés qui est à la manœuvre. Mais l’une des principales surprises de cette annonce réside dans le changement de position du PS, qui avait pourtant validé l’agenda initial de la LEZ lors de la formation du gouvernement Vervoort III en 2019. Pourquoi ce revirement ? Tout simplement parce que le PS est en perte de vitesse et qu’il s’agit désormais de ne pas froisser et de caresser l’électeur dans le sens du poil à l’approche des élections communales.
Les réactions de cette décision ne se sont pas fait attendre. Pour Elke Van den Brandt, représentante de Groen et formatrice côté néerlandophone, la confiance est brisée. Selon elle, cette annonce, qui n’a pas été discutée au préalable avec les partenaires néerlandophones, constitue un coup de force sans précédent. Van den Brandt s’est dite déçue de ne pas avoir été informée de cette décision par David Leisterh, qui a préféré agir de manière unilatérale. Sauf qu’il n’y aura pas d’alternative, car Ecolo/Groen est bien esseulé dans cette volonté de conserver cette interdiction pour 2025. En effet, les partis néerlandophones N-VA, Vooruit, Open-VLD et Team Fouad Ahidar soutiennent majoritairement le report de la LEZ, formant ainsi une majorité en leur faveur.
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Deux ans de délai
Les bienfaits de la LEZ à Bruxelles ne sont plus à démontrer. Car depuis qu’elle est en place, on a vu les émissions de NOx (oxydes d’azote) diminuer de 40%, ce qui est une excellente nouvelle pour la qualité de l’air et la santé des Bruxellois. Cela dit, des organismes comme Touring soutenaient l’incohérence de la mesure, car les Diesel Euro 5 sont équipés de filtre à particules (mais pas de filtre à NOx).
Quoi qu’il en soit de nombreux Bruxellois ne devront donc pas changer de voiture en 2025. C’était d’ailleurs l’un des gros arguments des partis qui ont décidé ce report : la situation économique difficile pour certains ménages qui n’ont pas les finances nécessaires pour acheter un nouveau véhicule ou un plus récent. On se rappellera d’ailleurs qu’aucun mécanisme de soutien (prime ou autre) n’avait été mis en place pour les possesseurs de Diesel Euro 5.
40% de dépréciation
Les professionnels du secteur sont aussi récemment montés au créneau. En effet, selon une enquête de Sud Info publiée récemment, les concessionnaires bruxellois avaient constaté une nette dépréciation des voitures Euro 5 ces dernières semaines. Étant donné que les acheteurs locaux évitent logiquement ces modèles, les garagistes étaient bien souvent obligés de sortir de Bruxelles, voire même d’opérer leurs ventes à l’étranger. Cette situation entraînait d’ailleurs des écarts de prix significatifs entre deux versions d’un même modèle – essence et Diesel. On évoque une dépréciation d’environ 40%. Cela dit, ça aussi ça devrait changer.
Il faudra donc attendre 2027 pour que cette fameuse LEZ « Euro 5 » se mette en place. Mais là aussi, ça ne se passera pas du jour au lendemain, car les autorités avaient prévu une période de transition. Ce ne devrait donc être qu’à partir du 1er avril 2027 que les conducteurs qui ne respecteront pas la future réglementation s’exposeront à des amendes salées, pouvant atteindre 350 euros par infraction. Toutefois, les Bruxellois concernés ne devraient pas trop attendre cette fois et planifier le remplacement de leur automobile dans un délai raisonnable pour éviter que les choses se corsent à l’approche de la date fatidique. Ce qui ne manquera pas une nouvelle fois d’arriver.
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