Bruxelles sans diesel et essence : “Une réelle méconnaissance”

L’interdiction des voitures diesel et essence à Bruxelles (en 2030 et 2035 respectivement) est “idéologique et en opposition avec la réalité technologique”, estime la Fédération pétrolière belge. “La décision du gouvernement régional manque de nuance et est même inutile”.

Publié le 26 juin 2021
Temps de lecture : 5 min

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“La décision du gouvernement bruxellois d’interdire les véhicules diesel, essence etcetera, manque de nuance et est même inutile. Avec le renouvellement progressif du parc automobile, on peut considérer qu’en 2030, la grande majorité des voitures sur nos routes respectera les normes d’émission. D’abord grâce à la zone à faibles émissions (LEZ), ensuite grâce aux innovations technologiques qui permettent aux nouvelles voitures de respecter sans problème les normes de qualité de l’air. Bruxelles risque sinon de devenir une exception dans le nouveau mix énergétique et d’entraver la mobilité de milliers de bruxellois et de navetteurs”, avertit la FPB.

Celle-ci déplore l’attitude “unilatérale du gouvernement bruxellois et l’appelle à une approche scientifique et à ne pas prendre des mesures idéologiques sans même proposer d’alternatives valables. Il n’y a aucune raison scientifique d’interdire les moteurs à combustion interne modernes.”

Dans le respect de la neutralité technologique

“Il n’incombe pas aux décideurs politiques d’exclure a priori des technologies spécifiques (diesel et essence). Une voiture devrait ou non être autorisée en fonction d’objectifs environnementaux clairement définis mais dans le respect de la neutralité technologique”, soutient encore la fédération.

Elle recommande aux autorités bruxelloises de soutenir les carburants à faible teneur en carbone et neutres sur le plan climatique car ils peuvent être utilisés “immédiatement dans les véhicules thermiques actuels et ils utilisent l’infrastructure de distribution existante (stations-service). “En bref, aucun investissement massif public n’est nécessaire ici….”

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Concernant la voiture électrique en tant que tel, la fédération pétrolière rappelle qu’on ne peut le considérer comme une voiture zéro émission si on analyse l’ensemble de son cycle de vie (pollution environnementale par l’extraction et l’exploitation de métaux rares avec des risques pour la santé, et l’incertitude quant au recyclage des batteries). La FPB conclut en invitant les autorités à laisser au consommateur le choix de son type de motorisation et à, en tout cas, autoriser des voitures hybrides, elles qui combinent les avantages des moteurs électriques et thermiques, cette partie pouvant être alimentée par des carburants liquides bas carbone.

“Allier simplisme et cynisme”

Interdire aux citoyens d’utiliser une voiture diesel à partir de 2030, puis une voiture essence à partir de 2035, c’est allier simplisme et cynisme, a réagi vendredi Mobia, la fédération regroupant Febiac, Renta et Traxio, à la décision des autorités bruxelloises d’interdire les voitures diesel et essence dans la capitale en 2030 et 2035. “Pour répondre aux besoins du consommateur et aux objectifs fixés par l’accord de Paris sur le climat, l’industrie automobile poursuit une stratégie reposant sur trois piliers en matière de motorisation: elle est axée sur le mélange de motorisations électriques avec batterie ou pile à combustible (hydrogène), de toujours plus nombreux moteurs hybrides permettant la conduite zéro émission en agglomération, mais également de moteurs thermiques haute technologie à haut rendement capables de fonctionner avec les futurs carburants synthétiques zéro émissions nettes de carbone”, estime Philippe Dehennin, le président de Febiac, la fédération belge du secteur automobile.

Une réelle méconnaissance du secteur automobile

“Prendre une telle décision témoigne une réelle méconnaissance du secteur automobile. Plutôt que d’interdire, nous attendons du gouvernement bruxellois qu’il mette en application des alternatives concrètes pouvant favoriser l’électromobilité à Bruxelles, tel que le développement d’un réseau de bornes de recharge efficace qui passera inévitablement par une modernisation urgente du réseau électrique bruxellois. Sur ce point, Bruxelles et sa région figurent très nettement parmi les mauvais élèves européens”, ajoute Andreas Cremer, administrateur délégué de Febiac. “Cette interdiction est simpliste dès lors que l’on n e connaît encore rien des progrès dont va bénéficier le moteur thermique haute technologie à haut rendement ni des carburants synthétiques zéro émission nette de carbone qui permettront de le faire fonctionner”. Didier Perwez de Traxio, la Confédération du commerce et de la réparation automobile, estime pour sa part qu’il faut garantir à tout un chacun “un libre choix de sa propre mobilité, dont la voiture fait partie intégrante”.

Pour Stefan Delaet de Renta, la fédération des loueurs de véhicules qui fournissent les voitures de société aux entreprises, il est à craindre que l’interdiction “abrupte” des systèmes de propulsion conventionnels, touchera surtout le particulier. “Rien ne garantit qu’il y aura une offre suffisante et abordable de véhicules à émissions zéro (d’occasion et neufs) pour les particuliers d’ici 2030. En conséquence, la mobilité individuelle motorisée risque d’être réservée aux riches, dit-il. Il demande aussi que le gouvernement bruxellois s’attelle “immédiatement à la mise en place d’une infrastructure de recharge suffisante, accessible au public et d’un réseau de distribution capable de soutenir cette transition, faute de quoi l’électrification du parc automobile des entreprises sera également retardée”.

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