« Nous sommes face à un choc énergétique incommensurable » : voilà ce qu’a déclaré l’économiste Bruno Colmant dans une interview à La Libre Belgique en marge de l’attaque russe contre l’Ukraine ce jeudi 24 février 2022. Cet expert renommé ne cache pas son inquiétude face à cette nouvelle crise qui vient s’ajouter à celle de la pandémie, mais dont les conséquences pourraient perdurer.
Selon Bruno Colmant, les frappes organisées par la Russie sont susceptibles de générer des répercussions économiques dramatiques pour toute l’Europe et même le monde entier. Il faut dire ce jeudi matin, tous les marchés sont partis à la baisse. Et sérieusement même. Les cours du gaz ont bondi de plus de 30 % en à peine quelques heures et celui du blé a littéralement flambé.
Cette guerre va clairement avoir un impact puissant sur les marchés financiers même si les économistes pensent qu’il ne sera pas (trop) durable. Sauf pour certains secteurs, comme celui de l’énergie. Selon Bruno Colmant, les prix du gaz et du pétrole devraient donc augmenter encore. Et par extension, ceux de l’électricité également.
L’inflation pour longtemps
Dans cette logique, l’inflation (la hausse générale des prix) n’est donc pas prête de s’arrêter alors qu’elle atteint déjà des niveaux records depuis les années 1980. Le pouvoir d’achat des consommateurs sera donc à nouveau réduit, ce qui est une très mauvaise nouvelle alors que la situation est déjà difficile et que de nombreuses familles basculent dans la précarité.
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Bruno Colmant s’attend à une période d’énergie chère pour plusieurs années et une inflation qui devrait se maintenir autour de 4% sur le long terme. Et le spécialiste d’aller plus loin en confiant à nos confrères que « On est au-devant d’un choc énergétique incommensurable ».
Nous évoquions un prix au litre d’essence ou de Diesel de 2 euros. Il est donc probable que ce seuil soit dépassé – si pas pulvérisé – sauf si l’État intervient pour limiter la hausse avec le système du cliquet inversé. Mais jusqu’à présent, le gouvernement s’est refusé à le mettre en œuvre. Actuellement, l’État remplit bien ses caisses grâce aux accises et à la TVA.
Les prix alimentaires aussi
Cela dit, l’inflation va toucher durablement d’autres secteurs, comme les produits alimentaires. Pourquoi ? Parce que la Russie est un gros producteur de blé, un produit de base qui entre dans la fabrication de nombreux aliments. Par ailleurs, l’Ukraine est, elle, une grosse productrice de potasse, un élément qui entre dans la fabrication des engrais.
Pour Bruno Colmant, il y aura donc deux chocs inflationnistes : l’énergie et les produits alimentaires, soit deux des plus gros postes financiers pour les ménages. Cela dit, pour l’économiste, il faut réagir et probablement aussi en profiter pour accélérer la transition énergétique dans notre pays en réduisant notre dépendance, notamment au gaz russe (même s’il ne représente que 6% du gaz consommé en Belgique).
Quoi qu’il en soit, le fait de devoir trouver d’autres fournisseurs dans l’urgence ne fera que contribuer à l’augmentation des prix. C’est ce que tout le monde redoutait. On y est. Et ça va durer.
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