C’est historique : jamais l’humanité n’a connu par le passé une mobilisation internationale aussi forte en réaction à un acte de guerre. L’invasion de l’Ukraine par la Russie a entraîné de la part des pays occidentaux des sanctions financières et commerciales sans précédent afin d’assécher littéralement l’économie russe. Cela dit, jusqu’ici, les exportations russes de gaz et de pétrole n’ont pas été affectées par ces sanctions, les pays occidentaux tentant probablement de préserver leurs populations d’une nouvelle inflation des prix de l’énergie.
Cela dit, cette stratégie risque de ne pas fonctionner, car les prix continuent de grimper face à l’incertitude. Ce jeudi soir 3 mars 2022, le baril de Brent a même connu un pic à 114 dollars. Une nouvelle hausse des prix trouve plusieurs sources. D’une part parce que les traders anticipent les ennuis et vendent donc déjà plus cher et, d’autre part, parce que – et ce n’était pas attendu – de grandes entreprises internationales grosses consommatrices d’hydrocarbures refusent désormais d’acheter du pétrole russe.
8 millions de barils par jour et 10% de la production mondiale
Alors qu’officiellement, le robinet n’est pas fermé, le pétrole russe ne coule pourtant plus. La raison ? Les grands groupes pétroliers occidentaux soucieux de leur image ont coupé les ponts avec leurs homologues russes. BP, Shell et ExxonMobil et TotalEnergies ont ainsi annoncé l’arrêt ou la vente de leurs activités russes. Et il y a par ailleurs de moins en moins de moyens de transporter le pétrole russe, car certains armateurs refusent aussi de commercer avec la Russie, comme le groupe danois Maersk qui a décidé flotte de 739 porte-conteneurs ne desservirait plus aucun port du pays de Vladimir Poutine.
Il s’agit donc d’un boycott officieux et, selon l’agence énergétique britannique Energy Aspects, c’est actuellement 70% du pétrole russe qui ne trouve pas preneur.
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Or, la Russie est incontournable sur le marché pétrolier. En effet, le plus grand pays du monde reste le deuxième producteur de pétrole de la planète avec plus de 8 millions de barils par jour, soit 10% de la demande mondiale. Autant dire que si ce pétrole ne sort plus de Russie, il faudra alors le trouver ailleurs pour satisfaire la demande au risque de voir les prix à nouveau exploser.
Vers un nouveau choc ?
Dans ce contexte, les entreprises réorientent leurs chaînes d’approvisionnement, notamment vers le Moyen-Orient et les États-Unis. Sauf que cela ne permettra probablement pas de combler le manque russe. Beaucoup d’observateurs s’accordent en effet à dire que la libération de 60 millions de barils par les États membres de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) ne suffira pas. Pas plus que la promesse d’augmentation de la production de 400.000 barils par jour des pays membres de l’OPEP+.
Il y a donc un déséquilibre flagrant entre l’offre et la demande. Et il ne pourra pas être comblé rapidement, même avec les ristournes canon que la Russie tente d’octroyer sur ses barils. Car ce jeudi 3 mars, le baril de brut de l’Oural, la référence sur le marché russe, se négociait jusqu’à 18 dollars moins cher que le baril de Brent. Un record.
Plusieurs spécialistes du secteur s’accordent à dire que la situation devient catastrophique et qu’il faudrait prendre des mesures d’urgence pour éviter un choc de l’offre. Pour Bloomberg par exemple, il faudrait prendre pour le pétrole des mesures aussi fortes que celles qui avaient été prises en 2008 pour les banques lors de la crise financière rapporte le journal financier L’Écho. La situation économique va donc sérieusement se dégrader. Et pour tout le monde, car la perspective d’un nouveau choc pétrolier devient de plus en plus réelle.
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