Face au conflit en Ukraine, les discours et les actes se durcissent dans tous les camps. L’Europe est ainsi occupée à préparer un sixième train de sanctions contre la Russie et, dans les pourparlers figure le pétrole russe. Longtemps réticente, l’Allemagne pourrait finalement accepter cette position, ce qui chamboulerait complètement les marchés.
On sait en effet qu’il est difficile, voire impossible à court terme de se passer de pétrole russe. Le plus grand pays du monde produit en effet 10% du brut, soit environ 8 millions de barils par jour. Or jusqu’ici, les autres pays producteurs de pétrole ont refusé d’augmenter sensiblement leur production pour compenser le déficit (organisé) russe, ce qui contribue bien entendu à maintenir des prix très élevés sur le marché.
En Belgique, les prix du Diesel ont encore augmenté vendredi dernier en raison de l’augmentation des prix des produits pétroliers ou des biocomposants sur les marchés internationaux. Il en coûte désormais 2,08 euros/litre.
L’Allemagne en rajoutera-t-elle une couche ?
À Bruxelles, les tractations vont donc bon train pour dégager de nouvelles mesures de sanctions économiques contre la Russie. L’Allemagne, qui pèse beaucoup dans les décisions, serait d’ailleurs sur le point d’accepter un embargo total sur le pétrole russe, ce qui serait une vraie première, mais aussi un problème pour plusieurs pays et pour de nombreux consommateurs.
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Aujourd’hui, la Hongrie, l’Autriche, la Slovaquie, l’Espagne, l’Italie et la Grèce freinent toujours des quatre fers pour éviter cette interdiction, surtout la Hongrie et la Slovaquie qui dépendent encore plus fortement des livraisons de brut russe. Si une telle interdiction était adoptée, il est clair que cela ferait grimper une nouvelle fois les prix puisque d’autres filières d’approvisionnement n’ont pas (encore) été mises en place. L’Allemagne se dit, elle, de moins en moins inquiète à cet égard, car depuis le début de la guerre, le pays a réduit sa dépendance au pétrole russe de 35 à 12%. C’est une bonne nouvelle, mais quid des autres ?
Et en Belgique ?
La Belgique est dépendante du pétrole russe à hauteur de 30%. Ce qui est évidemment énorme. Cela dit, plusieurs observateurs indiquent qu’il serait relativement aisé de réduire cette exposition en acheminant du brut depuis d’autres régions du monde (Moyen-Orient, la Norvège, la Grande-Bretagne ou l’Amérique du Sud). De l’avis des experts, il n’y aurait donc pas de souci pour l’approvisionnement.
Cela dit, pour ce qui est de la stabilité des prix, c’est une tout autre histoire. En effet, un embargo sur le pétrole pourrait avoir une incidence sur le prix des carburants, car le risque que cela engendre un coût supplémentaire est réel. Lorsque l’offre diminue sur le très court terme et que la demande est forte comme actuellement, les marchés deviendront nerveux avec de nouvelles hausses de prix et un nouveau trou dans le portefeuille des consommateurs qui réfléchissent actuellement à leurs vacances d’été !
L’Europe semble malgré tout déterminée à s’approvisionner ailleurs que ce soit en pétrole ou en gaz, et ce dès cette année 2022 rapportait l’agence Bloomberg. Les eurocrates y arriveront-ils ? Et si oui, avec quelle répercussion sur les prix à la pompe pour les automobilistes ? La question reste entière, même si plusieurs experts donnent des bribes de réponse. Dans les colonnes de La Libre Belgique, Frank Vranken, Chef Stratégie chez Edmond de Rothschild Europe-Luxembourg indiquait qu’un retour à la normale pour le gaz n’était pas envisageable avant deux ou trois ans.
Pour le pétrole, l’expert indique que cela pourrait être plus rapide toutefois, car il n’y a pas nécessité d’investir urgemment dans de nouvelles infrastructures (terminaux gaz liquéfié notamment). À suivre…
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