Électrique

Batteries : les restrictions d’exportation de graphite chinois vont-elles faire exploser les prix ?

Le 20 octobre dernier, la Chine a annoncé des restrictions sur les exportations de graphite, un minerai essentiel pour les batteries des voitures électriques. Problème : la Chine détient un quasi-monopole sur cette matière, ce qui pourrait créer une menace existentielle pour l’industrie automobile européenne.

David Leclercq David Leclercq | Publié le 25 oct. 2023 | Temps de lecture : 6 min

Une escalade : voilà la situation qui se dessine dans les rapports commerciaux entre la Chine et le reste du monde. Le 20 octobre dernier, l’empire du Milieu a en effet annoncé qu’il restreignait de manière importante ses exportations de graphite, un matériau essentiel pour la production des batteries des voitures électriques.

Cette décision s’inscrit à la suite de celles prises récemment pour réduire aussi exportations de gallium et de germanium, deux autres minerais importants. Il s’agit pour la Chine de montrer les muscles face aux États-Unis qui ont décidé de limiter les livraisons de puces à Pékin. Ces restrictions chinoises entreront en vigueur dès décembre 2023.

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Un monopole chinois

La Chine détient un quasi-monopole sur cette matière première ce qui pose question sur la trajectoire des prix du graphite et donc des batteries qui seront mises sur le marché d’ici quelques mois. Selon L’Usine Nouvelle, la Chine domine totalement ce marché, avec près de 100% du graphite naturel (exploité dans les gisements), et plus de 90% du graphite synthétique (produit à partir de coke de pétrole ou de charbon chauffé) utilisé dans les batteries. Certes, d’autres pays détiennent aussi une production, comme le Mozambique ou Madagascar, mais cela reste symbolique.

graphite

La Chine a bien compris que la transition était en cours aux États-Unis et aussi en Europe et qu’elle serait impossible (à payer) si les prix des matières premières atteignaient des sommets. En outre, le graphite est aussi utilisé dans une série d’autres applications : cuves de production d’aluminium, mines de crayons, électrodes de four, lubrifiants, pneus, composants électroniques, etc.

De 50 à 100 kg par batterie

Bien évidemment, c’est le marché de la voiture électrique qui est le plus gros consommateur de graphite qui est l’un des ingrédients principaux pour les anodes. Or, même si le graphite est moins connu (ou évoqué), on en utilise entre 50 et 100 kg pour une batterie d’automobile électrique. Car la Chine est surtout incontournable pour ce qu’on appelle le graphite de qualité, celui précisément utilisé dans les batteries et qui nécessite de nombreuses étapes pour être transformé.

Cette situation laisse-t-elle augurer des tensions sur le marché du graphite et une prochaine envolée des prix ? À voir, car plusieurs observateurs constatent qu’il ne s’agit pas d’une limitation des exportations, mais d’un contrôle renforcé de celles-ci compte tenu du fait que le graphite est aussi une matière première à usage militaire.

Pour le consultant BMI interrogé par Usine Nouvelle, ce contrôle est une nouvelle stratégie mise en place par la Chine et qui vise à perturber le marché de la voiture électrique. S’il n’y a pas de graphite exporté, il n’y aura pas d’anodes et donc pas de batteries. De quoi ouvrir un boulevard aux exportations de voitures chinoises. De ce fait, les voitures chinoises importées chez nous pourraient rester abordables au contraire de celles fabriquées chez nous et qui souffriraient des barrières administratives mises en place par l’administration de Pékin.

Une envolée des prix ?

Actuellement, les prix de la tonne de graphite sont plutôt faibles (2.000 à 2.200 dollars). En activant ce levier, la Chine pourrait donc faire remonter les prix et mieux se rémunérer pour ce produit. Pour l’heure, la Chine brandit sa menace et rien n’indique qu’elle durcira le ton. Mais si c’est le cas, c’est toute l’industrie automobile européenne qui en fera les frais (gigafactories de batteries en tête) tout comme les consommateurs qui devront (encore plus) passer à la caisse. Il y a donc urgence aussi de redéployer des capacités de production locale pour le graphite, comme c’est le cas pour le lithium, car les projections indiquent que sans nouvelles installations, une rareté devrait s’installer sur les marchés dès 2028. Il y a donc (à nouveau) urgence, car les prospections, autorisations et installations prennent des années. Décidément, les tensions sur le marché de la voiture électrique ne sont pas terminées…

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