Étude : quelles voitures sont compatibles avec les carburants synthétiques ?

L’Europe a prévu d’interdire les voitures thermiques neuves à partir de 2035. La fin d’une ère ? Peut-être pas, car les carburants synthétiques pourraient être utilisés en remplacement des carburants fossiles, et ce sans modification mécanique. Vraiment ?

Publié le 12 juillet 2024
Temps de lecture : 4 min

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Étude : quelles voitures sont compatibles avec les carburants synthétiques ?

L’Europe a voté la fin des voitures thermiques neuves au 1er janvier 2035. À cette date, seules les voitures 100% électriques (batterie ou hydrogène) seront tolérées à la vente en neuf. C’est clairement un changement radical. Cela dit, la transition ne s’opère pas tout à fait comme prévu et récemment on a pu voir un effondrement des ventes de voitures électriques, essentiellement parce que celles-ci restent encore trop chères à l’achat. Cette situation se résoudra probablement dans les prochaines années avec l’arrivée de nouvelles technologies (batterie notamment) qui permettront de rendre les voitures électriques plus abordables.

Cela dit, l’Europe est consciente du retard qui s’accumule, d’autant que de grands pays qui accompagnaient jusqu’à récemment les consommateurs dans la transition ont arrêté leur soutien : la France a réduit (ou déplacé vers les ménages les moins nantis) ses aides à l’achat tandis que l’Allemagne a tout simplement supprimé les siennes.

Dans ce contexte, les autorités européennes – ou plutôt certains groupes politiques – estiment qu’il faudra plus de temps pour assurer cette transition et qu’il faudra trouver des solutions alternatives à l’unique voie de la voiture électrique. En coulisses, les forces en présence se préparent (le plus grand parti politique européen notamment, le PPE). Et ceux-là semblent déjà avoir trouvé la solution : les carburants synthétiques ou e-fuels qui apporteraient une neutralité carbone aux voitures thermiques pendant leur phase d’utilisation. Cette essence de laboratoire (composée d’hydrogène et de CO2 capturé dans l’air) remplacerait celle extraite des puits, mais il faut évidemment que son mode de fabrication recoure à des énergies renouvelables pour que l’opération soit neutre en CO2.

Une étude

Cela dit, on peut se demander quelles modifications seront à apporter à nos moteurs (neufs et d’occasion) si les carburants synthétiques entraient en piste. Et la réponse est donnée par une étude menée par l’Université technique de Darmstadt et financée par la Fondation ADAC, soit un des bras de l’organisme de défense des automobilistes en Allemagne.

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Une équipe a testé un carburant synthétique pendant plusieurs semaines (l’Eco100Pro) à la fois en laboratoires, sur routes ainsi que sur de nombreux véhicules. Et leurs conclusions sont les suivantes : il n’y a pas de nécessité de modifier les moteurs thermiques actuels pour utiliser ces e-carburants. L’étude montre en effet que le fonctionnement n’est pas affecté. Il n’y a donc ni perte de puissance ni surconsommation tandis que la réduction des émissions de CO2 atteint 77% ! Et la Fondation ADAC de préciser que si les énergies renouvelables étaient utilisées pour la production des e-fuels, la réduction de CO2 atteindrait alors 92%.

La solution ?

On pourrait se dire que la solution est donc toute trouvée et qu’il suffit donc de changer de carburant pour que nos voitures thermiques deviennent beaucoup plus propres. Mais ce serait aller un peu vite en besogne. Tout d’abord, les e-carburants sont plus chers que le pétrole. On parle d’un prix de 3 euros/l environ, mais pour autant que la production soit suffisante. Car ce qui sera rare sera aussi plus cher. L’ADAC reconnaît d’ailleurs que cet aspect est pour l’heure bloquant. Ensuite, il y a la question de l’efficience énergétique. Car les e-fuels sont très énergivores à produire et il faudrait alors mobiliser de nombreuses installations de production d’énergies renouvelables. Se pose donc la question de l’énergie dépensée « du puits à la roue » qui serait donc bien moins intéressant que pour une voiture électrique.

La bonne position à adopter est sans doute intermédiaire. Les e-fuels ne devraient pas être vus comme une solution de remplacement pour le pétrole ou de continuité absolue pour le moteur thermique, mais plutôt comme un levier de plus à actionner pour décarboner les transports et opérer une transition douce vers une mobilité propre qui, c’est certain, connaîtra encore d’autres trouvailles que la voiture électrique, celle à hydrogène, etc.

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Par David Leclercq Rédacteur automobile

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