La Belgique taxera-elle les superprofits des pétroliers ?

La crise énergétique fait rage et si elle impacte les citoyens, elle génère des superprofits dans le chef des pétroliers. Il est désormais question que les gouvernements taxent ces revenus colossaux. Pour soutenir le pouvoir d’achat des citoyens ?

Publié le 1 août 2022
Temps de lecture : 5 min

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Depuis plusieurs mois, les prix de l’énergie et des hydrocarbures en particulier ont explosé. En un an, le prix du litre de carburant a augmenté de 31% pour l’essence et de 39% pour le Diesel, une situation due à la reprise économique trop forte, mais aussi de la guerre en Ukraine qui attisent les tensions sur les marchés. Évidemment, si les consommateurs et automobilistes sont durement impactés, les pétroliers, eux, se frottent les mains, car ils n’ont jamais réalisé autant de bénéfices.

Shell et TotalEnergies par exemple ont engrangé plusieurs milliards d’euros de gains sur le seul deuxième trimestre. Rien que pour cette période, TotalEnergies affiche un résultat net de 5,7 milliards d’euros. Et c’est encore plus marqué que Shell qui affiche… 18 milliards d’euros de bénéfices sur la même période, soit 5 fois plus qu’en 2021 ! Merci à la flambée des prix et notamment du baril de pétrole (125 dollars contre 80 en janvier) ou à celui du MWh de gaz (200 euros aujourd’hui contre 62 en janvier 2022).

Des gains pour les actionnaires

Naturellement, ceux qui profitent de cette manne financière exceptionnelle, ce sont les actionnaires de ces entreprises qui vont toucher de plantureux dividendes. Dans cette optique, Shell a annoncé un programme de rachat d’actions pour 6 milliards de dollars, après une première opération de 8,5 milliards de dollars. Même scénario chez TotalEnergies où un nouveau programme de rachat pour 2 milliards de dollars a été lancé, après un premier programme mené au cours du premier semestre pour 3 milliards d’euros.

Et ce ne sont pas les seuls : le petit pétrolier espagnol Repsol fait de même. Objectif : profiter de la forte manne de bénéfices pour réduire les dettes qui ont fortement augmenté pendant la pandémie ainsi que d’augmenter les retours aux actionnaires.

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Ces bénéfices semblent évidemment indécents par les temps d’hyperinflation qui courent et qui voient l’appauvrissement de la population. Cela dit, malgré les gains exceptionnels, les pétroliers soutiennent qu’ils restent fragiles, plombés d’une part par leurs pertes et, d’autre part, par la situation qui reste incertaine et est susceptible de se retourner dans les mois qui viennent si des régions du monde devaient connaître des périodes de récession.

C’est pour cette raison de que le patron de Shell, Ben van Beurden, déclarait que « avec des marchés de l’énergie volatils, des turbulences économiques et le besoin d’agir pour lutter contre le changement climatique, 2022 continue de présenter des défis pour les consommateurs, les gouvernements et les entreprises. » Cette petite phrase sonne un message subliminal à l’attention des gouvernements qui réfléchissent justement à taxer les superprofits des pétroliers – et accessoirement des fournisseurs de gaz et d’électricité. La Commission européenne a d’ailleurs donné son feu vert à cette taxation exceptionnelle qui est déjà effective en Espagne, en Italie et en Grande-Bretagne.

Les pétroliers paieront-ils en Belgique ?

On pourrait se demander quelle est la position de la Belgique par rapport aux superprofits des pétroliers ? Une position d’autant plus délicate que le gouvernement a lui aussi engrangé davantage avec les prix des carburants élevés, notamment au niveau de la TVA – le niveau des accises ayant été réduit (mais de manière forfaitaire, ce qui avantage les autorités).

Pour la ministre de l’Énergie, Tinne Van der Straeten (Groen), l’idée fait progressivement son chemin. Elle prendrait la forme d’une contribution exceptionnelle (donc non récurrente) de crise qui s’élèverait à 25% de la marge brute. Elle s’appliquerait à tous les métiers des hydrocarbures, c’est-à-dire les fournisseurs, les producteurs et les négociants d’électricité, de gaz naturel et de pétrole qui paient leur TVA en Belgique. Tinne Van der Straeten espère pouvoir monter un projet de taxation d’ici l’automne.

Cela dit, l’aboutissement de ce projet n’est pas au goût de tout le monde et notamment de Vincent Van Peteghem (CD&V), ministre des Finances. Celui-ci pense en effet que cette taxe serait discriminatoire et pourrait donc être contestée devant la justice. En outre, pour ce qui concerne le secteur nucléaire, l’exploitant de nos centrales, le français Engie, paie déjà une contribution de 38% de sa marge brute. Difficile donc d’en demander plus… Si d’aventure une taxation devait malgré tout intervenir, il faudrait voir ensuite comment elle serait utilisée : pour soutenir le pouvoir d’achat des citoyens ? Ou alors, renflouer le budget du gouvernement ?

Les pétroliers redoutent tous une levée massive de taxes sur leurs superprofits. C’est pour cette raison très probablement que le groupe TotalEnergies fait profil bas en France et a accordé une ristourne qui sera portée à 20 centimes d’euro à la rentrée. Et ça marche : le week-end dernier, l’Assemblée nationale a rejeté un projet de taxation des superprofits. Les pétroliers arriveront-ils à passer entre les mailles du filet ? À suivre…

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Par David Leclercq Rédacteur automobile

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