Le moteur à eau n’est pas une histoire récente. En effet, cette idée de remplacer le carburant par de l’eau existe depuis 1974 lorsqu’un ingénieur rouennais, Jean Chambrin, dépose un brevet pour un « dispositif d’aménagement d’un moteur à combustion en vue de son alimentation avec un carburant additionné d’eau ». La presse de l’époque est en admiration devant cette invention qui équipe alors une Citroën qui se déplace comme l’importe quel autre véhicule.
Le dispositif se présente sous la forme d’une grosse marmite pour casser la molécule d’eau entre hydrogène et oxygène et il utilise un courant électrique important pour abaisser la température. En réalité, le moteur de Jean Chambrin ne fonctionne pas qu’à l’eau, mais avec seulement 60% d’eau et 40% d’alcool, ce qui permet de faire chuter la consommation de carburant de l’ordre de 50%. C’est déjà beaucoup. Cela dit, les autorités françaises de l’époque lancent une grande enquête et, surprise, l’invention tombe dans l’oubli non sans que Jean Chambrin crie au complot. Selon lui, ce sont les pétroliers qui lui mettent des bâtons dans les roues.
Le retour
Au début des années 2000, le moteur avec injection d’eau revient sur la table du secteur automobile. À l’époque, les ingénieurs envoient de l’eau dans le moteur. Et comme celle-ci s’évapore avec la chaleur, elle réduit alors la température de combustion. Cet effet permettrait d’améliorer les performances du moteur, de retarder l’apparition du cliquetis, l’auto-allumage et de réduire la pollution. Bref, que des avantages.
Ce retour, c’est le moteur Pantone qui peut être installé selon ses concepteurs sur un moteur à combustion existant. Comme dit, il s’agit de de vaporiser un mélange d’eau et de carburant dans un « bulleur », puis en réchauffant ce mélange à l’aide des gaz d’échappement dans un « réacteur endothermique ». Les vapeurs sont ensuite mélangées à l’air frais avant d’être injectées dans les cylindres pour refroidir la combustion. On gagnerait ainsi en efficacité et on réduirait la consommation de carburant autant que les émissions polluantes. Toujours génial sur le papier, mais, malheureusement, jamais prouvé scientifiquement. Les défenseurs du dispositif annoncent bien des économies de 10 à 15% de carburant, mais là aussi, les tests indépendants menés n’ont jamais démontré une économie effective.
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Et l’injection d’eau ?
Cette idée du moteur à injection d’eau va en faire germer une autre : celle d’un moteur qui ne fonctionnerait qu’à l’eau. Une avancée pour certains puisque l’eau est disponible en grandes quantités sur la planète tandis qu’elle ne s’avère pas polluante. Réaliste ? Pas du tout. Tout simplement parce que l’eau (H2O) est de l’hydrogène déjà brûlé – oxydé en terme chimique. L’eau ne peut donc pas contenir d’énergie. Ou alors, il faut remettre une énergie folle dans le processus. C’est typiquement ce qu’on fait avec l’hydrogène produit par électrolyse : on casse la molécule d’eau pour reconstituer les molécules de dihydrogène de départ.
L’idée d’un moteur à eau est donc une supercherie. Et un non-sens par ailleurs puisque l’objectif d’un moteur est d’exploiter n’énergie potentielle d’un carburant pour la convertir en mouvement. Or, sans énergie à extraire, c’est donc forcément illusoire. Voilà pourquoi le moteur à eau est une chimère, tout comme celui à air comprimé qui a aussi alimenté les rêves de certains. Son problème ? La densité volumétrique trop importante (impossible d’embarquer suffisamment de bombonnes, même pour un très court trajet) et l’immense besoin en énergie pour comprimer cet air. On peut rêver, mais pas trop quand même…
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