Cette semaine, le Parlement européen doit examiner une mesure qui concerne le permis de conduire de tous les Européens. En effet, pour réduire le nombre d’accidents, certains eurocrates souhaitent que les automobilistes passent une visite médicale tous les 15 ans pour conserver leur permis de conduire. Il s’agit donc de vérifier si le conducteur dispose toujours bien des toutes les capacités physiques et cognitives pour continuer à conduire.
Sauf que certains organismes estiment que cette mesure est en réalité très insuffisante pour renforcer valablement la sécurité routière. Les lobbyistes, comme les écoles qui dispensent des cours de conduite défensive, avancent donc en rangs serrés auprès des députés pour faire valoir leur point de vue. Certains d’entre eux jugent que la visite médicale tous les 15 ans constitue un premier pas, mais qu’elle n’est pas suffisante.
Un stage de conduite ?
Leur idée serait donc de doubler la visite médicale avec un test de conduite. Il s’agirait donc de mettre la personne en situation, parfois dangereuse (simulation de neige, d’aquaplaning ou de verglas).
En gros, on ne serait donc pas très loin d’un nouvel examen pratique… qui ferait bien les affaires du secteur des auto-écoles ou des professeurs de maîtrise automobile. Mais est-ce réaliste ? Car les conducteurs qui disposent pleinement des capacités pour maîtriser leur véhicule sur l’eau, la neige ou la glace. On se demande dès lors ce qu’il pourrait advenir des 95% d’autres conducteurs qui conduisent prudemment, mais sans ces capacités de maîtrise qui, avouons-le par ailleurs, deviennent de plus en plus difficiles à mettre en œuvre avec les systèmes électroniques de contrôle des trajectoires (ESP et consorts) qui travaillent parfois en dépit du bon sens et qui sont dans la plupart des cas indéconnectables.
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Une visite médicale intenable ?
Selon Sud Info, l’eurodéputée et rapporteure du texte Karima Delli (Europe Écologie) souhaite pour sa part ajouter ce test d’aptitude en vérifiant de surcroît « l’ouïe, la vue et les réflexes » du conducteur. Un vrai check-up médical donc.
On se dit que ce projet serait aussi de nature à ravir le corps médical qui pourrait naturellement tirer avantage de ces prestations supplémentaires. Mais ce n’est pas le cas, car pour le Dr Philippe Lauwick, président de l’association « Automobile club médical de France » interrogé par Sud Info, la systématisation de cette visite médicale est en réalité une mesure « lourde » à mettre en œuvre et qui, plus surprenant, n’aura « aucun effet bénéfique » pour la sécurité routière. Selon les calculs de l’Automobile club médical de France, il faudrait assurer plus de 300.000 visites médicales rien qu’en France ce qui difficilement envisageable et aurait un coût financier important. Pour Karima Delli qui défend le projet, l’idée serait de mettre en place quelque chose de léger et de gratuit. Mais léger comment (et donc utile ?) et qui payera la facture au final ?
On peut aussi se demander ce qu’il adviendrait des personnes déclarées inaptes et qui, en toute logique, se verraient interdire de reprendre le volant. On ne va pas se mentir : ce sera assurément une majorité de personnes plus âgées qui vivront cette décision comme un handicap de plus, celui de ne plus pouvoir se déplacer. Et là aussi, Karima Delli a une réponse : « la mesure doit aller de pair avec la mise en place de solutions alternatives de mobilité », comprenez des transports à la demande, des navettes adaptées. Gratuit ? Car, forcément, là aussi il faudra régler l’ardoise. Manifestement, nos élus n’ont pas encore entendu que les budgets publics étaient dans le rouge vif…
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