Pourquoi des pneus spécifiques pour les voitures électriques ?

Les voitures électriques sont à nos portes. Et elles vont changer pas mal de nos habitudes, dont la manière de concevoir les pneus. Ceux utilisés par les voitures électriques sont en effet très différents même si cela ne se voit pas. C’est une question d’autonomie, mais aussi de performances.

Publié le 9 janvier 2022
Temps de lecture : 5 min

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On l’ignore souvent, mais le passage à la voiture électrique va entraîner des changements profonds dont le public et le consommateur n’ont pas toujours conscience. Bien sûr, il y a les softwares qui prennent de plus en plus de place dans le développement (ils sont même devenus fondamentaux) ou encore les bornes de recharge qui drainent elles aussi tout un nouvel écosystème industriel, aussi en R&D. L’innovation est donc partout, y compris dans des domaines que l’on pensait acquis. Comme les pneumatiques qui eux aussi ont du sérieusement évoluer. Et ce n’est pas fini.

L’industrie du pneu a donc du aussi s’adapter. Car les caractéristiques des véhicules électriques n’ont pas grand-chose à voir avec les véhicules à combustion que ce soit en termes de poids, de répartition de masses, mais aussi de performances. Il a donc fallu adapter tout cela en fonction afin que les pneus puissent continuer à offrir un maximum de performances et d’efficacité. Car le pneumatique doit continuer d’assurer sa fonction, c’est-à-dire 50% des prestations routières – les autres 50% étant l’affaire du châssis.

Des caractéristiques inédites

Les centres de recherches et de développement se sont donc mis au travail il y a quelques années déjà afin d’innover en matière de pneus. Car les produits qui sont utilisés par les VE sont nettement différents. Ils doivent pouvoir supporter notamment plus de poids, mais aussi présenter une faible résistance au roulement pour préserver l’autonomie tout en étant capable d’offrir d’excellentes performances, la puissance souvent supérieure des voitures électriques (et leur couple instantané) représentant un autre challenge. Bref, il a fallu pousser les limites du compromis nettement plus loin que précédemment.

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Poids et efficacité

À catégorie équivalente, une voiture électrique est plus lourde d’environ 20%, ce qui est une sacrée masse. La faute à la batterie bien entendu qui représente à elle seule souvent plusieurs centaines de kilos. Bien entendu, ce poids doit être supporté, notamment par les pneus qui doivent alors recourir à une construction différente. Cela se traduit par une carcasse renforcée et plus résistante qui va moins se déformer sous les effets du poids. La partie du talon est aussi différente (la partie qui relie la bande de roulement au flanc) et elle utilise de nouveaux composés.

Le poids combiné à un centre de gravité plus bas redistribue toutes les cartes pour les pneumaticiens. Car il faut opter pour un pneu plus rigide qui va mieux coller à la route en fonction de ces caractéristiques tout en veillant à ce que celui-ci ne soit pas trop dur non plus pour ne pas dégrader le confort de marche qui reste lui aussi un paramètre essentiel des voitures électriques.

La résistance du pneu est aussi nécessaire en raison du couple élevé des voitures électriques qui est de surcroît disponible dès 0 tr/min. Les contraintes que le pneu doit pouvoir supporter sont donc supérieures. Il faut donc qu’ils soient plus performants… mais aussi qu’ils offrent moins de résistance au roulement. Or, augmenter la performance, c’est souvent aussi augmenter la résistance au roulement, donc réduire l’autonomie. Un vrai casse-tête. Encore une fois, c’est par le biais d’une structure renforcée qui dissipe moins d’énergie (car elle se déforme moins) que l’on peut agir sur d’autres paramètres pour tenter de réduire cette résistance au roulement au bénéfice de l’autonomie.

Silence et confort

Il va de soi qu’à bord d’une voiture électrique spécifiquement, l’aspect du confort est essentiel tout comme celui du bruit. Pour ce faire, il faut agir sur la bande de roulement, sur son design (pour éviter qu’il ne produise des « résonnances » ou des bandes de fréquences désagréables). En développement, on joue aussi sur le composé du mélange, mais aussi sur la largeur du pneu (pensez au principe du pneu tall & narrow chez les cyclistes) afin de réduire son frottement sur la chaussée. Cela dit, cette tendance tend à s’amenuiser. Car les puissances sont en hausse continue et ce procédé ne fonctionne dès lors qu’avec les petits véhicules.

On l’aura compris, les pneus pour voitures électriques sont nettement plus complexes. Et c’est ce qui explique qu’ils sont aussi un peu plus chers à remplacer. C’est normal puisqu’il y a plus de technologie et aussi moins de production, les véhicules électriques ne représentant pas encore la majorité de nos parcs roulants. Cela dit, il y a toutes les chances pour qu’à l’avenir les prix se tassent avec l’accroissement des volumes et de la demande.

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Par David Leclercq Rédacteur automobile

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