Jusqu’ici, la valorisation des pneumatiques usés était très limitée : les gommes étaient en effet brûlées (énergie) ou transformées en pistes d’athlétisme ou de pare battage pour bateaux. Le mot valorisation était donc un peu usurpé, car la production d’énergie (en les brûlant) est naturellement fort émettrice de CO2 tandis que la transformation des vieux pneus en matières élastiques pour revêtir les pistes d’athlétisme par exemple ou les plaines de jeux pour enfant étaient suspectées de polluer les sols.
Depuis quelques années toutefois, plusieurs entreprises d’économie circulaire réfléchissent à des solutions quand elles n’ont pas déjà produit un procédé de recyclage digne de ce nom. Le recyclage des pneus n’est donc plus une utopie. Michelin est déjà par exemple parvenu avec son partenaire Bio Butterfly à retrouver les chaînes polymères originelles qui peuvent à nouveau entrer dans le processus de fabrication des nouveaux pneus grâce à l’intervention de bactéries qui grignotent les ponts de soufre créés entre les chaînes polymères lors de la vulcanisation.
Du carbon black au prix du pétrole
La bonne nouvelle, c’est que du côté des entreprises chimiques, les choses bougent aussi. En effet, plusieurs d’entre elles sont aujourd’hui totalement capables de recycler entièrement un pneumatique et de retrouver du noir de carbone à son état d’origine. Ceci est possible grâce au processus de pyrolyse ce qui revient à chauffer la marmite à haute température (500 à 700 C°) sans oxygène. Le résultat consiste en un amas de résidus qui est ensuite broyé et transformé en poudre de noir de carbone, soit l’ingrédient qui fait office d’agent de renforcement pour les nouveaux pneus. Cette même poudre peut aussi être utilisée pour la réalisation d’autres pièces en caoutchouc.
L’avantage de ce processus est double, car il permet non seulement de recycler la matière, mais aussi d’éviter la pollution générée par la production de nouveau noir de carbone qui pèse lourdement sur l’environnement puisque pour un kilo de noir de carbone produit, le coût CO2 s’élève à 2,4 kg.
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La Belgique en pole position
Dans ce nouveau marché de l’économie circulaire, la Belgique semble plutôt bien placée, car l’entreprise américaine Bolder a prévu d’investir 100 millions d’euros pour construire une usine de recyclage de pneus, et ce sur l’ancien site d’Opel à Anvers.
Et ce n’est pas tout, car une autre entreprise, Laupat Industries, étudie aussi l’implantation d’une usine de recyclage de pneumatiques. Selon l’Écho, l’ambition de cet acteur est de traiter 20.000 tonnes de déchets de gommes par an, soit 2 millions de pièces. C’est un début et il est prévu que la capacité soit augmentée de 4 millions de pièces par an.
D’autres entreprises du même acabit ambitionnent de s’installer sur notre sol et d’exploiter ce processus de pyrolyse qui permet par ailleurs de récupérer les émanations de caoutchouc et de les transformer en huile de pyrolyse qui sert alors comme carburant pour les bateaux.
Longtemps dans l’impasse pour le recyclage, le monde du pneu évolue et envisage de devenir totalement circulaire à l’horizon 2050, voire un peu avant. C’est évidemment une très bonne nouvelle pour l’environnement autant que pour la consommation de matières premières. Bien sûr, les processus devront encore être affinés, notamment pour pouvoir jouer sur une qualité toujours plus grande du noir de carbone. Mais l’évolution est là et la Belgique semble particulièrement bien placée dans cette nouvelle filière circulaire qui sera clairement celle de l’avenir.
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