Le rapport annuel de l’indice Digital Automaker de Gartner évalue les performances numériques de vingt-deux constructeurs automobiles à travers 13.919 indictateurs répartis sur neuf catégories et il met en lumière les difficultés que rencontrent les fabricants traditionnels pour se transformer en entreprises technologiques.
Pour cette édition 2024, Tesla reste en tête du classement des constructeurs automobiles technologiques pour la deuxième année consécutive. Mais, malgré cette première place, la marque pionnière des véhicules électriques perd du terrain face à ses concurrents plus jeunes et notamment face aux start-ups chinoises que sont Nio et Xpeng ainsi que l’Américaine Rivian. Ces derniers ont connu une progression spectaculaire.
Tesla doit s’accrocher
Pour Pedro Pacheco, analyste chez Gartner interrogé par Automotive News Europe : « Tesla reste une entreprise incroyablement innovante, notamment grâce à sa capacité à générer des revenus via ses mises à jour logicielles automatiques, mais des lacunes commencent à apparaître, notamment dans la connectivité ». La marque doit par ailleurs faire face à de l’instabilité au sein de son équipe dirigeante. Le départ récent de Sreela Venkataratnam, vice-présidente des finances et des opérations commerciales, en fait le quatrième haut cadre à quitter l’entreprise en cinq mois. Cela soulève des questions sur la solidité de long terme de la direction de Tesla.
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Naturellement, pendant ce temps, les nouveaux acteurs du secteur qui sont principalement chinois et américains réduisent l’écart. Nio par exemple, qui occupe la deuxième place du classement, a amélioré son score de 2%, tandis que Rivian et Xpeng ont enregistré des augmentations surprenantes de 13%. Rivian, en particulier, se distingue avec ses avancées dans l’architecture électronique de ses véhicules, notamment avec son nouveau réseau zonal qui place la marque parmi les plus performantes dans cette catégorie.
Les marques Geely et BYD progressent elles aussi rapidement avec des performances qui surpassent celles de nombreux constructeurs occidentaux. La Chine continue donc de renforcer sa position en tant que concurrent sérieux dans la course à l’innovation technologique. Mais ça, tout le monde l’avait déjà noté.
Toyota et JLR en difficulté ?
Cela dit, des constructeurs traditionnels comme Jaguar Land Rover (JLR) et Toyota peinent à adopter une approche digitale efficace. JLR occupe la dernière place du classement et n’a pratiquement pas amélioré son score par rapport à l’année précédente. Selon l’analyse de Garner, il est urgent pour le constructeur britannique d’effectuer des réformes profondes dans presque tous les domaines : architecture, compétences des dirigeants, rémunération des ingénieurs en logiciels, etc.
Troisième au classement, Toyota a vu son score chuter de -7% en 2024. Une chute vertigineuse qui s’explique par la décision de dissocier la gestion des logiciels automobiles de la direction générale, un choix qui envoie un mauvais signal quant à l’engagement du constructeur japonais dans le domaine des technologies. Et Garner de souligner que les marques historiques comme Toyota sont confrontées à un défi de transformation, car la plupart des dirigeants de ces entreprises ne sont pas encore suffisamment axés sur les logiciels, contrairement à ceux des marques plus récentes.
Le défi des constructeurs traditionnels
Garner souligne que le défi est plus organisationnel que technologique pour les entreprises historiques. En réalité, ce sont les modes de décision et la stratégie qui les bloquent et les empêchent de progresser et d’innover. Ce sont donc surtout les cultures d’entreprise qui doivent changer. L’organisme indique que les dirigeants des constructeurs automobiles traditionnels s’intéressent surtout à la voiture telle qu’elle était faite il y a 20 ans et très (trop) peu aux nouvelles technologies que celles-ci pourraient intégrer.
Sur le plan géographique, les constructeurs américains comme Tesla et Rivian dominent le classement, mais la Chine rattrape rapidement son retard grâce à des marques comme Nio et Xpeng. « Les États-Unis sont encore en tête en matière de logiciels automobiles », note Pacheco, « mais la Chine se révèle être un challenger redoutable ». L’Europe, en revanche, reste en retrait, tout comme (assez curieusement) la Corée du Sud, tandis que les performances du Japon, autrefois pionnier dans le secteur automobile, continuent de se détériorer. Pour « nos » constructeurs, il y a donc urgence d’une prise de conscience et la nécessité de poser des actes forts rapidement.
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