Les constructeurs demandent à l’Europe de reporter à 2040 la sortie du thermique

L’ACEA, l’association des constructeurs automobiles européens, vient de déposer une requête auprès de l’Union pour reculer l’échéance de sortie du moteur thermique de 2035 à 2040. La raison : le délai trop court pour passer de 10% d’électrique aujourd’hui à 100% d’ici 2035.

Publié le 23 juillet 2024
Temps de lecture : 4 min

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Les constructeurs demandent à l’Europe de reporter à 2040 la sortie du thermique

Le secteur automobile européen se trouve dans une situation particulièrement complexe. En effet, il y a d’une part la nécessité de passer au tout électrique d’ici 2035 (11 ans donc), mais aussi la concurrence chinoise et enfin l’entrée en vigueur de la réglementation CAFE dès l’an prochain et qui imposera une moyenne d’émissions de 81 g/km en moyenne, un seuil inatteignable pour certains constructeurs, ce qui les expose à des amendes.

Ces difficultés ont poussé le président de l’association des constructeurs automobiles européens (ACEA), Luca de Meo (qui est aussi le PDG de Renault), de contacter l’Union européenne pour que celle-ci puisse donner du temps au temps. L’organisation plaide dès lors pour un recul de l’échéance de sortie des moteurs thermiques en 2035 et demande un report de 5 ans, soit en 2040. Cette missive intervient juste après la réélection d’Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne et alors même que celle-ci a indiqué dans son discours d’investiture que l’objectif de la voiture zéro carbone resterait fixé à 2035. Rappelons que la Présidente de la Commission a laissé aussi entrevoir l’un ou l’autre assouplissement et notamment l’autorisation de l’usage des carburants synthétiques neutres en carbone, une demande qui était surtout formulée par les industriels de son pays.

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Du temps

Interrogé par Les Échos lors de cette sortie, Luca de Meo a indiqué que « nous avons besoin d’un peu plus de souplesse dans le calendrier. Basculer en douze ans de 10% de part de marché pour les VE à 100%, c’est vraiment très compliqué. » Sans le dire directement, l’industriel soutient aussi que l’Europe exagère. Car à côté des dizaines de milliards d’euros nécessaires pour passer à la voiture électrique, le règlement CAFE qui entrera en vigueur l’an prochain va aussi coûter cher aux constructeurs. En effet, tous les constructeurs qui n’ont pas une gamme de véhicules qui émet moins de 81 g/km se verront facturer de lourdes amendes. Selon les estimations de l’ACEA, ces amendes devraient se chiffrer autour des 10 milliards d’euros pour l’ensemble des industriels du secteur. Forcément, ça va faire mal aux finances des entreprises alors que celles-ci sont déjà mises à rude épreuve, aussi avec la concurrence chinoise.

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Le plug-in comme salut ?

Pour Luca de Meo, la réglementation CAFE est difficile à éviter et c’est aussi bien pour cela qu’il est nécessaire de développer les motorisations hybrides rechargeables. Car celles-ci sont faciles et rapides à développer et très bénéfiques pour faire baisser la moyenne, surtout quand on y implante une très grosse batterie (plus de 20 kWh) qui fait chuter logiquement la consommation de carburant pendant des tests WLTP. Luca de Meo reconnaît d’ailleurs que les Chinois ont déjà tout compris depuis longtemps et que les constructeurs européens se sont fait littéralement larguer : « ils [les Chinois] ont vu très tôt l’opportunité d’un saut technologique avec les voitures électriques, alors que nous étions encore en train de discuter du Diesel. Ils ont pris une génération d’avance. »

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Mais Luca de Meo n’est pas frustré pour autant et il pense aussi que la concurrence chinoise peut stimuler l’industrie européenne. Cela dit, de Meo se montre aussi amère face au partenariat avorté avec Volkswagen sur le projet d’une petite voiture électrique abordable. Volkswagen a décidé au tout dernier moment de rester seul. Ce qui n’empêche pas de Meo de penser que Renault « a le meilleur projet dans ce segment en Europe et on va très vite le montrer avec notre nouvelle Twingo. » Cette réalité l’amène à une considération plus globale : « ils savent partager entre constructeurs les technologies et les investissements. » En clair : ils sont forts parce qu’ils savent collaborer. Et de Meo s’en prend aussi à l’attentisme de la politique européenne : « les sujets de stratégie industrielle dépassent le cycle d’un gouvernement ou d’une élection, et engagent le pays pour dix à quinze ans. C’est un temps plus long qu’un seul mandat. » Et il a raison, si c’est pour changer les règles en cours de route ou détricoter ce qui a été fait avant, on n’y arrivera pas…

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Par David Leclercq Rédacteur automobile

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