L’Europe a donc voté récemment un accord historique qui prévoir la sortie du moteur thermique pour les voitures neuves dès le 1er janvier 2035. À partir de cette date – il y aura quelques exceptions, comme pour les voitures de luxe –, toutes les voitures neuves vendues devront donc être 100% électriques. De l’avis général, il s’agit d’un délai très court. Trop court même pour assurer une production suffisante de batteries, mais aussi pour réduire par une production de masse le prix des voitures électriques afin qu’elles soient accessibles au plus grand nombre.
Toutefois, l’accord n’est pas coulé dans le béton. Car le texte prévoit une clause de révision activable dès 2026 qui permettrait à la Commission et au Parlement de reporter, voire d’annuler, l’interdiction du moteur thermique initialement votée. Et cette fois, ce n’est pas l’écologie qui serait le moteur de ce revirement, mais bien l’économie.
Les chaînes d’approvisionnement et la concurrence
On avait entendu un temps l’Europe accepterait de reporter l’échéance si le besoin d’autres technologies se faisait sentir (économiquement ou socialement s’entend, comme certains carburants synthétiques), mais à la condition que celles-ci soient climatiquement neutre. En fait, de tout cela, l’Europe n’en a cure.
En effet, c’est surtout le volet économique qui pourrait activer cette clause de révision. Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte. Il faudrait par exemple que l’industrie automobile européenne et ses emplois soient menacés par la Chinoise (qui, elle, dispose déjà de voitures électriques peu chères), si les usines à batteries ne sont pas compétitives ou encore si les prix des matières premières (telles que le lithium) atteignent des sommets rendant ainsi les voitures électriques inaccessibles.
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Tout ceci pourrait donc rebattre les cartes de la sortie du thermique prévue pour 2035. Le fait est que tout reste à faire en Europe pour la voiture électrique, une réalité d’autant plus évidente qu’il faudra à la majorité des constructeurs continuer de produire des moteurs thermiques. Pourquoi ? Car, une grande part d’entre eux opèrent sur tout le globe et donc dans de nombreuses régions qui n’entendent pas passer à la voiture électrique.
Des hésitations
Contrairement à la Chine qui n’a pas fait dans la dentelle lors de sa transition, l’Europe semble tout d’un coup encore hésitante sur la transformation de son parc et, plus encore, sur celle de son industrie automobile, car en cas d’échec, ce serait plusieurs millions de travailleurs qui seraient affectés mettant en péril un pan entier de l’économie. Mais ce n’est pas tout : l’infrastructure de recharge constitue un autre problème probablement sous-estimé, car il ne faudra pas que placer des bornes, mais aussi renforcer l’ensemble du réseau électrique européen, ce qui ne se fera pas non plus en cinq ou six ans, même avec la meilleure volonté du monde.
En outre, dans le contexte actuel, on voit parfaitement que les priorités d’investissements ont changé depuis quelques mois. En effet, la guerre en Ukraine nécessite en effet que l’Europe se réarme massivement, ce qui va forcément réorienter des montants d’investissement qui étaient initialement consacrés à la transition vers la voiture électrique. Et ce n’est pas tout : la voiture électrique ne sera vraiment moins émettrice de CO2 que si la production d’énergie est elle aussi verte. Et là encore, la guerre en Ukraine rebat les cartes et certains pays ont décidé de revenir au nucléaire, ce qui, forcément, nécessite aussi des investissements colossaux.
Enfin, l’accès aux matières premières reste aussi essentiel dans cette transition. Or, on le voir, l’ouverture de mines d’extraction pour les métaux nécessaires aux batteries (lithium notamment) reste lente, mais aussi problématique, notamment du côté des défenseurs de l’environnement. Un autre paradoxe avec lequel il faut composer. Bref, pavée de bonnes intentions, la transition vers la voiture électrique reste donc très hypothétique, et cela en dépit de l’accord intervenu au niveau européen. La fin du moteur thermique en 2035 n’est donc peut-être pas aussi définitive qu’on veut bien le présenter. Réponse dans quelques mois pour savoir si, oui ou non, le thermique aura encore un avenir…
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