De nouvelles règles européennes ont récemment été mises en place autour des émissions de CO2. Et elles menacent de bouleverser l’industrie, notamment en Allemagne, le cœur de la production automobile européenne. Cette réglementation impose des seuils encore plus stricts en matière d’émissions de CO2 pour les véhicules neufs et elle pousse une nouvelle fois les constructeurs à accélérer leur transition vers les véhicules électriques. Bien que l’objectif soit louable (réduire l’empreinte CO2), on se demande dans quelle mesure ces règles ne sont pas une nouvelle fois trop contraignantes. L’Europe prend-elle le risque de couler sa propre industrie ?
En vertu de cette nouvelle règle, les constructeurs doivent (encore) réduire les émissions moyennes de CO2 de leurs véhicules, et ce à des niveaux sans précédent. La nouvelle réglementation européenne sur les batteries, en vigueur depuis août 2023, introduit une méthode de calcul de l’empreinte carbone qui pourrait défavoriser certains pays producteurs. En effet, à partir de 2027, l’empreinte carbone des batteries sera calculée en fonction du mix énergétique national utilisé pour leur production, plutôt que de l’électricité réellement consommée. Cette approche avantage les pays comme la France, où l’électricité provient majoritairement de sources nucléaires à faible émission de CO2, par rapport à des pays comme l’Allemagne, où une part significative de l’électricité est produite à partir de gaz et de charbon. Cette règle risque d’accentuer les disparités entre les pays européens, rendant les batteries produites dans des pays à mix énergétique plus polluant moins compétitives. Les constructeurs allemands, en particulier, s’inquiètent de voir leurs produits pénalisés sur le marché européen, malgré des efforts pour adopter des sources d’énergie plus vertes. Ces nouvelles exigences visent à réduire l’empreinte carbone globale des véhicules électriques, mais elles soulèvent des questions sur l’équité et l’impact économique pour les producteurs basés dans des pays à forte dépendance aux énergies fossiles.
Un appel à l’action
L’association allemande des constructeurs automobiles (VDA) a pris position face à ce qu’elle considère comme une menace sérieuse pour l’industrie. Elle a lancé un appel aux autorités, soulignant que l’industrie automobile a peu de contrôle sur la composition du mix énergétique national. La VDA estime que le gouvernement doit intervenir pour éviter des conséquences néfastes sur le secteur.
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En toute logique, le débat s’installe : dans quelle mesure les constructeurs automobiles peuvent-ils vraiment influencer la politique énergétique de leur pays ? Est-il légitime de les tenir pour responsables de choix énergétiques qui échappent à leur contrôle ? Ces questions sont cruciales, car elles touchent à la responsabilité environnementale des entreprises (ESG), un enjeu de plus en plus central dans les politiques industrielles.
Un risque d’effet inverse ?
Paradoxalement, cette mesure qui vise à rendre l’industrie plus écologique pourrait, dans le contexte actuel, produire l’effet inverse. Si les constructeurs allemands sont incapables de rendre leur production plus « verte » rapidement, ceux-ci pourraient envisager de délocaliser leurs usines vers des pays où le mix énergétique est plus favorable. Un tel déplacement pourrait entraîner une augmentation des émissions liées au transport, tout en ayant un impact social et économique négatif sur les régions allemandes concernées.
Cette nouvelle réglementation pourrait bien modifier la carte de l’industrie automobile en Europe. Les pays bénéficiant d’un mix énergétique plus propre, comme la France grâce à son énergie nucléaire ou les pays scandinaves riches en hydroélectricité, pourraient attirer les investissements dans la production de batteries, entre autres. On pourrait assister à un exode industriel, avec des conséquences profondes sur l’emploi et l’économie dans certaines régions d’Europe. Est-ce vraiment là ce que cherche à provoquer la Commission européenne ?
Quelles options pour l’avenir ?
Devant ce dilemme, plusieurs solutions pourraient être envisagées par les décideurs européens. Il pourrait s’agir d’accorder un délai d’adaptation aux pays encore dépendants des énergies fossiles, d’introduire des incitations financières pour accélérer la transition énergétique des sites de production ou encore d’adopter une approche globale prenant en compte l’ensemble du cycle de vie des véhicules électriques, depuis l’extraction des matières premières jusqu’au recyclage.
Avec cette proposition, la Commission européenne relance le débat sur la véritable empreinte environnementale des véhicules électriques. Elle rappelle que la transition vers une mobilité plus durable ne se résume pas au simple remplacement des moteurs thermiques par des moteurs électriques, même si les voitures électriques sont pourtant reconnues comme moins émettrices sur leur cycle de vie. Elle nécessite une révision complète de la manière de produire et de consommer l’énergie. La question reste donc ouverte : cette nouvelle règle est-elle un pas en avant ou un obstacle pour l’industrie automobile européenne ? Mais une chose est certaine : l’avenir de la mobilité électrique en Europe se décidera autant dans les usines que dans les institutions européennes.
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