Les résultats de l’étude menée par l’Université Libre de Bruxelles (VUB) et Touring révèlent que le conducteur moyen de voiture électrique en Belgique ne ressemble en rien à celui d’un véhicule thermique. Sur le plan académique, les usagers de voitures électriques sont majoritairement diplômés de l’enseignement supérieur (73,9%), alors que seuls 38,2% des conducteurs de véhicules à carburant classique disposent d’un tel niveau de qualification. Par contraste, près de la moitié des conducteurs de voitures thermiques n’ont pas dépassé l’enseignement secondaire supérieur.
Cela dit, la différence la plus frappante réside surtout dans le revenu mensuel des propriétaires de voitures électriques. Plus de 41% des utilisateurs gagnent entre 4.000 et 5.999 euros par mois, et près de 20% touchent plus de 6.000 euros. Du côté des conducteurs de véhicules thermiques, la majorité (43,6%) se situe dans la fourchette des 2.000 à 3.999 euros. À peine un quart (24,6%) perçoivent un salaire de 4.000 euros ou plus. Ce fossé économique met en évidence le fait que l’accès à la mobilité électrique semble encore réservé à une frange de la population aux revenus très confortables.
La question du parking privé
Au-delà des questions de revenus, un autre facteur essentiel joue en faveur des conducteurs de véhicules électriques : la possession d’un espace de stationnement privé. L’étude montre en effet que près de 80% des utilisateurs de voitures électriques disposent d’un parking personnel, que ce soit dans une allée ou un garage. Un chiffre qui est significativement supérieur aux 68% des propriétaires de voitures thermiques. Cette différence d’accès à un parking privé est évidemment importante, car elle facilite l’installation de bornes de recharge à domicile. Ce qui constitue un facteur de rentabilité pour la voiture électrique puisque c’est à domicile que l’électricité est la moins chère. Devoir s’en remettre à l’infrastructure de recharge publique est non seulement peu confortable, mais aussi beaucoup plus onéreux.
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Selon Touring, les citoyens qui habitent donc dans une maison individuelle à quatre façades et qui disposent d’un revenu supérieur à la moyenne, n’auraient aucun mal à passer à l’électrique. Ce qui n’est évidemment pas le cas des personnes aux revenus plus modestes, qui vivent de surcroît en milieu urbain sans parking privé. Pour ces derniers, la transition vers l’électrique semble presque impossible, en tout cas à court terme.
Un parc inégal
L’enquête révèle également des disparités dans le nombre de véhicules possédés par les ménages qui roulent à l’électrique. Ainsi, près de la moitié des foyers équipés de véhicules à batterie possèdent deux voitures, et plus de 10% en ont même trois ou plus. À titre de comparaison, seulement 25% des foyers roulant en thermique disposent d’un second véhicule, et à peine 4% en possèdent trois ou davantage. Ce constat montre que les utilisateurs d’électriques ont souvent les moyens d’avoir plusieurs véhicules à disposition, une réalité qui creuse encore un peu plus le fossé entre eux et les ménages aux revenus plus modestes.
On soulignera que, comme l’ont déjà révélé d’autres enquêtes, les utilisateurs de voitures électriques ne roulent pas moins que les autres. Ce serait même le contraire, car ceux-ci parcourent en moyenne 19.922 km par an contre 13.367 km pour ceux qui utilisent des voitures thermiques. Cela peut s’expliquer par le profil socio-économique des conducteurs d’électriques plus souvent lié à des postes à responsabilité. Autre explication : il s’agit surtout de voitures de société pour lesquelles l’utilisateur ne sera pas trop regardant sur la facture de carburant.
Avec cette étude, Touring alerte sur le risque de fracture qui risque fortement de se créer entre ces deux publics. Il ne faut pas que la voiture électrique devienne un luxe réservé à quelques privilégiés. L’organisme fait donc un appel du pied aux futurs gouvernements (pour l’essentiel en formation) pour que ceux-ci soutiennent la transition, comme cela est fait actuellement en Flandre avec la prime à l’achat. Sauf que celle-ci risque de ne pas faire long feu : elle n’est octroyée qu’en 2024 et rien n’indique qu’elle sera prolongée vu les plans d’économies qui sont imaginés par les décideurs.
Des conclusions hâtives ?
Si cette étude est intéressante à plus d’un titre, il faut toutefois aussi la relativiser. En effet, plusieurs paramètres sont à prendre en ligne de compte, comme notamment l’effet « voiture de société » à ne pas négliger. En effet, une part importante des voitures électriques sont des voitures de société, ce qui diminue le coût d’accès pour de nombreux travailleurs. Ce phénomène tend à gonfler le nombre de conducteurs de voitures électriques et fausse dès lors la perception du lien entre possession d’une voiture électrique et revenu personnel.
En outre, bien que les voitures électriques sont de plus en plus nombreuses, leur nombre est loin d’égaler les thermiques et l’usage des voitures électriques sont encore majoritairement le fait des « early adopters », une frange de la population qui est en général plus aisée. À mesure que le marché des voitures électriques se démocratisera et que leur coût baissera, on peut s’attendre à une plus grande diversité dans les profils d’usagers. La lecture du lien entre voiture électrique et niveau de revenu doit donc être affinée.
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