Le grand patron de Stellantis n’a jamais caché son incompréhension pour le dogmatisme européen vis-à-vis de la voiture électrique. Cette marche forcée est pour lui inacceptable tandis qu’elle est aussi très dangereuse pour la viabilité des constructeurs européens, mais aussi pour plusieurs centaines de milliers de travailleurs du secteur qui sont aujourd’hui menacés.
Tavares ne marche pas ses mots, et cette transition électrique obligatoire de 2035 n’est en réalité qu’un jeu politique qui ne sert aucun enjeu écologique. Interrogé par RTL, l’homme fort de Stellantis a indiqué que le débat était certes passionnant, mais surtout que « il y avait des solutions plus efficaces [que la voiture électrique] pour protéger la planète et moins coûteuses pour la société. » Il a précisé que « il y avait des solutions qui du point de vue environnemental étaient beaucoup plus efficaces, moins coûteuses pour le consommateur, moins coûteuses pour les finances de l’État et ces solutions, pour des qualifications que je qualifie de dogmatismes, n’ont pas été traitées avec l’objectivité nécessaire. » Le message est clair pour le consommateur qui aurait donc été berné sur toute la ligne.
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Le Dieselgate, point de départ
Carlos Tavares livre son analyse et il estime que les politiciens européens ont surtout (sur)réagi à l’affaire du Dieselgate (2015) qui avait vu la tricherie du groupe Volkswagen par rapport aux émissions polluantes de leurs véhicules. Tavares estime que la voie a été tracée à partir de cet événement et que les politiciens ne se sont posé aucune question et, surtout, qu’ils n’ont pas compris qu’il fallait un prérequis absolu à la transition vers la voiture électrique : que l’énergie produite pour recharger les batteries soit propre.
Or, selon le dirigeant de Stellantis, il aurait fallu adopter un processus séquencé pour agir intelligemment et avec efficacité. Ainsi, il aurait d’abord fallu environ 20 ans pour passer d’une production d’énergie fossile à une énergie électrique propre. « Ensuite, il fallait une infrastructure de chargement » pour lequel il fallait compter 10 ans d’investissements et ce n’est qu’ensuite que « il fallait imposer aux constructeurs automobiles de faire de l’électrique et pour cela il fallait encore 5 ans. »
L’erreur à ne pas commettre commise…
Carlos Tavares estime donc que, comme trop souvent, on a voulu résoudre un problème en optant pour la solution la plus facile : l’imposition aux constructeurs de faire de l’électrique sur le laps de temps le plus court et interdire aux consommateurs d’acheter des voitures thermiques. « Ce point-là aurait mérité un débat de société, mais dans nos sociétés européennes, avoir un débat apaisé et pragmatique sur ce type de sujet s’est avéré, hélas, très difficile, et c’est la raison pour laquelle nous sommes tous embarqués à cette vitesse-là dans cette direction. »
Carlos Tavares dit que les citoyens européens se sont exprimés à ce sujet, mais que leurs signaux n’ont pas été entendus. L’homme s’inclut dans cette contestation, mais il indique que, en tant que chef d’entreprise, il n’a d’autre choix que de se plier au cadre règlementaire et de continuer à « faire la course ».
D’autres motorisations écologiques
Carlos Tavares indique tout de même que la préoccupation écologique des consommateurs ne mène pas forcément à l’achat d’un véhicule électrique. Car « d’autres motorisations s’avèrent en fait plus vertueuses selon les cas. » Il invite donc les consommateurs à se renseigner sur le cycle de vie complet des véhicules et de tenir compte de « la production de l’énergie, l’extraction des matières premières, le recyclage. » Tout dépend de l’utilisation : « si vous avez une utilisation plutôt centrée urbaine ou pas. Vous avez de multiples solutions entre l’hybride, l’hybride rechargeable, l’électrique… Le Diesel reste très performant en émissions de CO2, mais moins sur d’autres émissions. Il faut d’abord que nos concitoyens s’informent auprès d’instituts scientifiques », conseille encore le PDG de Stellantis.
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