Les constructeurs chinois tueront-ils l’industrie automobile européenne ?

Les constructeurs chinois sont désormais aux portes de l’Europe. Avec la transition vers la voiture électrique, ceux-ci ont quelques arguments à faire valoir, notamment en termes d’accessibilité pour le grand public. De quoi prédire une prochaine vague rouge ?

Publié le 22 octobre 2022
Temps de lecture : 6 min

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Longtemps raillés avec leurs voitures au look des années 1980 et qui, techniquement, échouaient lamentablement aux crashs-tests, les constructeurs chinois connaissent aujourd’hui une nouvelle ère. Car les Chinois suivent désormais la voie tracée par les constructeurs japonais dans les années 1970, puis des Coréens dans les années 1990. Si jusqu’ici, les marques chinoises étaient rares dans nos contrées (l’offre étant presque limitée à MG), l’avenir est à envisager sous une tout autre perspective, des dizaines de marques étant prêtes à débarquer et avec de solides arguments.

Bien entendu, les chiffres de ventes ne suscitent pas encore la crainte. En 2022, les ventes de voitures chinoises devraient en effet se limiter à quelque 150.000 unités en Europe, ce qui fait peu sur un volume d’environ 10 millions de voitures neuves (marché estimé en baisse de 10%). Cela dit, selon le consultant Jato Dynamics, c’est plutôt de la montée en puissance des constructeurs chinois qu’il faut s’inquiéter puisque leurs ventes vont doubler rien que sur 2022 (80.000 unités en 2021). Mieux encore – pour les Chinois en tout cas : au mois d’août 2022, une voiture électrique vendue sur cinq était chinoise.

BYD et les autres

Cette présence des constructeurs chinois n’est plus invisible. Si MG a acté dans l’ombre pendant plusieurs années, BYD (Build Your Dreams), l’un des plus gros acteurs dans l’empire du Milieu, vient d’inaugurer un showroom à Bruxelles. Ce lancement en grande pompe laisse songeur, car il annonce en fait l’arrivée d’autres grands acteurs tels que Great Wall Motors et de Geely – propriétaire de Volvo, de Polestar et de Lynk & Co –, de Dongfeng ou de Xpeng. Au total, plus de 300 marques de voitures électriques seraient actives en Chine. Et donc susceptibles de débarquer chez nous.

Cette nouvelle force de frappe asiatique est en fait le résultat d’une politique de transition amorcée tôt en Chine et qui a vu d’énormes subventions accordées par le gouvernement aux marques pour se mettre à la page et développer les technologies électriques qui sont aujourd’hui totalement maîtrisées par l’Empire du Milieu. En outre, les constructeurs chinois sont passés depuis belle lurette à la production industrielle de masse pour les VE – 500.000 unités 100% électriques rien que sur le mois de septembre 2022 –, ce qui a pu aboutir à des économies d’échelle et donc aussi à l’argument du prix de vente.

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Des marques ambitieuses

Dans ce contexte, il n’est pas étonnant de constater que les marques chinoises nourrissent de grandes ambitions, aussi en Europe. Great Wall et SAIC par exemple entend exporter plus de 1,2 million de véhicules dès 2025, dont 300.000 rien que chez nous.

Bien évidemment, ces ambitions sont aussi largement nourries par nos décideurs européens qui imposent désormais une marche forcée vers la voiture électrique. L’échéance est fixée au 1er janvier 2035, ce qui laisse moins de 13 ans pour passer au tout électrique. Les Chinois sont donc dans les starting-blocks, une situation en outre facilitée aussi par les subventions offertes par certains pays pour l’achat d’une voiture électrique, et ce quelle que soit son origine.

Montée au créneau

Récemment, plusieurs voix se sont élevées face à cette situation. Carlos Tavares notamment qui n’a jamais sa langue en poche et peut se targuer d’être plutôt visionnaire pour le secteur a indiqué que les conditions de marché fixées par l’Europe vis-à-vis des constructeurs chinois étaient bien trop légères par rapport à ce qui était imposé en Chine aux constructeurs étrangers. Comprenez que l’Europe déroule le tapis rouge aux constructeurs chinois alors que l’inverse n’est pas vrai.

Carlos Tavares a même chiffré le problème : les taxes pour entrer en Europe ne sont que de 10% pour les Chinois alors qu’elles sont de 25% pour les constructeurs étrangers qui entrent en Chine. L’homme fort de Stellantis demande donc un rééquilibrage commercial pour ne pas défavoriser les constructeurs européens et que la compétition reste loyale.

L’industrie européenne menacée ?

Jusqu’ici, les demandes des patrons du secteur automobile européen étaient restées lettre morte. Un comble alors que tout le monde plaide pour la relocalisation de l’emploi et une réindustrialisation de l’Europe. Or, si le déséquilibre commercial et de compétitivité reste tel quel, il y a de fortes chances que de grosses restructurations interviennent à nouveau dans les années à venir, à la fois dans le secteur automobile, mais probablement ailleurs aussi.

Le plus étonnant que c’est que le positionnement de l’Europe reste unique dans le monde. En effet, les subventions accordées aux USA pour passer aux voitures électriques par exemple ne sont accordées que pour les voitures qui sont construites sur le sol américain ou canadien. Pas aux autres. Logique. Seul Emmanuel Macron s’est exprimé récemment sur la chose à l’occasion du Mondial de l’Automobile, expliquant qu’il fallait certainement procéder de la sorte. Mais quel pouvoir de décision aura-t-il seul ? Pourra-t-il porter le message dans les hautes sphères européennes, vaste terrain de jeu des lobbies ?

Des actions requises

Il est donc plus que temps que l’Europe se réveille et qu’elle prenne des dispositions, à la fois pour rééquilibrer l’offre chinoise et européenne, mais aussi pour investir massivement dans le secteur de la mobilité électrique qui restera nécessaire à la vie de chacun demain. La réalité est que les constructeurs chinois maîtrisent aujourd’hui 50% de la valeur totale d’une voiture électrique. C’est loin d’être le cas chez les autres constructeurs qui doivent s’alimenter loin, notamment pour les matières premières et la construction des batteries.

En outre, rien n’est fait pour accompagner la transition vers la voiture électrique. En France par exemple, le bonus à l’achat d’une voiture 100% électrique a augmenté de 6.000 à 7.000 euros pour un véhicule de moins de 47.000 euros. Et en Belgique ? Rien ne se passe, du moins pour les particuliers. Actuellement, la transition vers la voiture électrique repose uniquement sur la bonne volonté (et la bonne déduction fiscale) des entreprises. N’est-ce pas un peu court ? Oui, l’Europe a beaucoup à perdre et ses consommateurs aussi si aucune mesure n’est prise rapidement. Car ce sont à nouveau nos économies, nos emplois et nos familles qui trinqueront.

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Par David Leclercq Rédacteur automobile

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