Le phénomène n’aura échappé à personne : on croise de plus en plus de gros pick-up américains sur nos routes : Dodge RAM, Ford F-150, voire de temps un temps un Toyota Tacoma. Et ce n’est pas qu’une impression : selon l’Agence européenne pour l’environnement, les importations et immatriculations de Dodge RAM (le plus demandé) ont augmenté de +20% en 2023, soit plus de 5.000 unités. Cela porterait le nombre de RAM en circulation à un peu plus de 20.000 sur les routes du vieux continent. Il y a donc une vraie tendance.
Une réglementation contournée
Comme tout le monde le sait, l’Union européenne a mis en place des normes strictes pour les véhicules à moteur, non seulement pour ce qui concerne leurs émissions, mais aussi pour la sécurité routière, notamment pour les chocs avec les piétons ou les systèmes de retenue ou les assistances à la conduite. Or, le Dodge RAM comme ses semblables n’est pas tenu de respecter ces normes, car les importations se font par une voie parallèle dite « Individual Vehicle Approval » (homologation individuelle des véhicules ou IVA).
Cette homologation individuelle permet aux véhicules de contourner les réglementations européennes. Au départ, cette possibilité a été envisagée pour permettre d’immatriculer des véhicules adaptés ou spécialisés, comme des voitures aménagées pour les personnes en situation de handicap ou pour les services d’urgence. Mais des importateurs parallèles se sont emparés de cette réglementation pour introduire des véhicules américains non homologués.
Publicité – continuez à lire ci-dessous
900/km de CO2
Cette échappatoire à la législation implique que les normes d’émissions par exemple sont nettement dépassées avec ce type de véhicule. Par exemple, les rejets de CO2 d’un Dodge RAM s’élèvent entre 300 et 900 g/km, ce qui fait de trois à neuf fois de plus qu’un véhicule classique et entre un et demi et trois fois les émissions d’un Ford Ranger homologué par exemple (entre 220 et 334 g/km). Et c’est pareil du côté sécurité : les véhicules importés IVA ne sont pas tenus de respecter la norme de sécurité GSR qui date de 2019 et encore moins la nouvelle qui vient d’entrer en vigueur (GSR 2) le 7 juillet dernier.
C’est pourquoi plusieurs organisations – T&E, le Conseil européen de la sécurité des transports, la Fédération européenne des cyclistes, la fédération des consommateurs BEUC, Clean Cities, Eurocities, POLIS et la Fédération internationale des piétons – ont déposé une requête auprès de l’Europe pour que celle-ci prenne la mesure de la situation et, peut-être, interdise les importations parallèles de pick-up américains. Chez T&E, on explique en substance que « les utilitaires comme le Dodge RAM n’ont pas leur place dans les rues européennes. Non seulement ils sont très polluants, mais ils sont aussi mortels. » On imagine que dans le contexte actuel d’électrification, la Commission va se pencher sur ce dossier.
À la recherche d'une voiture ? Cherchez, trouvez et achetez le meilleur modèle sur Gocar.be