Le groupe Ecolo-Groen a déposé une proposition de loi à la Chambre qui vise à interdire la publicité autour des énergies fossiles. Cette proposition s’inscrit donc en droite ligne de l’interdiction des publicités pour le tabac ou l’alcool qui avaient fleuri dès les années 1960. Naturellement, pour le tabac et l’alcool, l’enjeu de santé publique semble évident. Mais est-ce aussi le cas pour ce qui concerne les annonces mettant ce que le groupe avance comme des produits mettant « directement » en scène des énergies fossiles ?
En réalité, c’est la lutte contre le réchauffement climatique qui pousse Ecolo-Groen à faire cette proposition. Et dans cette logique, plus question pour eux de pouvoir voir sur une publicité les premières sources d’émissions de gaz à effet de serre : le gaz, le charbon ou le pétrole.
Séverine de Laveleye (Ecolo) et Kim Buyst (Groen) qui ont rédigé le projet de loi et se sont confiés au journal Le Soir, et, pour selon elles, la publicité est une composante majeure de notre modèle économique, basé sur la croissance. Elle pèse sur nos comportements de consommation et cela de manière efficace, sinon les budgets investis ne seraient pas aussi colossaux (724 milliards d’euros selon les estimations de l’Agence Zenith).
Un déséquilibre
Ecolo et Groen estiment en outre que l’équilibre entre les messages publicitaires est actuellement disproportionné. Car, selon les études rassemblées par les Verts, les consommateurs seraient en moyenne exposés à 3 ou 4 slogans écoresponsables par jour contre 1.200 à 2.200 prétextant exactement le contraire, indique encore le journal Le Soir… L’objectif d’Ecolo-Groen serait donc d’utiliser la publicité, mais uniquement dans un modèle vertueux.
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On se demande jusqu’où pourrait aller cette proposition de loi. Pour l’heure, les rédacteurs du projet indiquent qu’il s’agit de ne s’attaquer qu’aux messages vantant directement les vertus des énergies fossiles, soit les publicités qui évoquent le gaz par exemple. Ou le mazout de chauffage.
Évidemment, il ne s’agit que d’une première étape, car, de l’aveu de Séverine de Laveleye et de Kim Buyst, il fallait produire un texte soutenable pour la Vivaldi. Mais il constitue une base qui pourra ensuite être amendée et construite de manière plus restrictive. A priori, les voitures thermiques devraient être exclues de ce projet de loi. Du moins dans un premier temps. Mais on imagine bien qu’à terme, ce sera le cas et que, dans la dynamique considérée par Ecolo-Groen comme positive, il n’y aura plus de place que pour les électriques.
La pub, de l’endoctrinement ?
Mais la publicité a-t-elle vraiment l’effet escompté ? Possède-t-elle vraiment une influence sur nos comportements ? Le Soir a interrogé à ces fins le chercheur Pierre Ozer (ULiège) qui a pris l’exemple (facile ?) des SUV. L’homme de science rappelle que les SUV ne pesaient que pour 6% du parc automobile, mais qu’en 2021, ils représentaient 50% de ce même parc.
Pierre Ozer estime que la publicité relève d’un véritable endoctrinement et qu’elle est capable de transformer un produit de niche en produit de masse, même si celui-ci est très polluant. Sauf qu’on oublie que, aujourd’hui, la plupart des SUV – on ne parle évidemment pas du Ferrari Purosangue – ne polluent pas plus que des berlines. Pire : pour Pierre Ozer, les campagnes actuelles de publicité ne permettent plus de faire ses propres choix une évidence renforcée par la conversion de l’entourage (le voisin, la cousine, etc.).
De la pub ou une réforme?
Que penser de tout ceci ? Que la publicité a évidemment un impact. Mais est-il aussi important que ce qu’on veut bien admettre ? Difficile à dire. Pour ce qui concerne le SUV, la mode nous est venue des Etats-Unis il y a plus de 20 ans et, comme on le sait, les modes américaines mettent environ 20 ans à être infusées dans nos contrées. Les exemples sont multiples. En outre, les voitures familiales telles que les monospaces ou les breaks sont tombés en désuétude, de sorte que le marché a éliminé ces options, faute de demande.
La publicité automobile est-elle donc si néfaste ? Probablement pas. La mobilité reste en effet une nécessité pour tout un chacun et avoir accès à la publicité permet aussi de prendre connaissance de promotions qui peuvent servir bien des besoins, car la publicité fait aussi jouer la concurrence au profit du consommateur. Mais bon, si l’objectif n’est d’avoir plus que des réclames pour les huiles essentielles ou des produits végétariens, il semble évident qu’un pan de l’économie qui vit de la publicité a du mouron à se faire. En outre, on se demande pourquoi Ecolo-Groen s’attaque à cet aspect, alors que Bruxelles et la Wallonie attendent depuis des années une réforme intelligente et plus verte de la fiscalité automobile. Cet objectif semble malheureusement beaucoup moins atteignable…
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