Les système d’appel d’urgence dans les voitures vont-ils coûter des milliards d’euros ?

Obligatoires, les systèmes d’appel d’urgence installés dans toutes les automobiles pourraient coûter des milliards d’euros. Car les opérateurs télécoms veulent supprimer les réseaux 2G et 3G sur lesquels fonctionnent ces dispositifs.

Publié le 2 avril 2024
Temps de lecture : 4 min

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Les système d’appel d’urgence dans les voitures vont-ils coûter des milliards d’euros ?

Depuis 2018, les systèmes d’appel d’urgence automatiques sont obligatoires dans les voitures. Concrètement, en cas d’accident, un signal est automatiquement envoyé vers les services de secours avec la localisation du véhicule afin de pouvoir intervenir plus rapidement et sauver plus de vies. Toutefois, ces dispositifs fonctionnent encore avec les réseaux télécoms 2G et 3G, des réseaux qui sont jugés obsolètes par les opérateurs, car coûteux et énergivores. Problème : cette technologie équipe aujourd’hui 36 millions de voitures en circulation en Europe selon la Plateforme automobile (PFA) interrogée par le journal français La Tribune.

Toujours selon la Tribune, les opérateurs télécoms européens comptent pourtant couper ces réseaux qui sont pour eux inutiles et non rentables puisque plus aucun téléphone ou presque ne les utilise. Cette coupure devrait intervenir selon les pays et les opérateurs entre 2025 et 2029. Et donc rendre inutilisables les systèmes d’appel d’urgence.

Mais les industriels de l’automobile ne comptent pas se laisser faire et ils ont remonté l’information à la Commission européenne pour qu’elle se saisisse du dossier. La question a été posée par l’autorité européenne à tous les pays qui, pour la plupart d’entre eux, n’ont pas d’avis sur la question puisqu’il s’agit de considérations purement commerciales sur lesquelles ils n’ont pas prise.

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Changer ?

Que va faire la Commission dans cette impasse ? L’organe européen ne communique pas, mais il apparaît selon plusieurs sources dénichées par Le Tribune que le Code européen des communications électroniques ne permet pas d’obliger les États membres à conserver une technologie de réseau. Et ce n’est pas tout : la Commission estime aussi que conserver un réseau 2G « irait à l’encontre » de l’objectif de l’Union d’amener la 5G dans toutes les zones peuplées d’ici à 2030. Les bandes de fréquences 2G doivent même être utilisées à ces fins. Pour la Commission, c’est donc aux États de décider.

Il y a donc actuellement un vrai bras de fer entre les constructeurs automobiles et les opérateurs télécoms. Mais qui aura le dernier mot ? Les opérateurs disent avoir prévenu à maintes reprises les industriels de changer de dispositif et d’intégrer un système 3 ou 4G. Pour les exploitants des réseaux, maintenir toute une couverture pour un dispositif qui remonte quelques milliers de signalements chaque année, c’est trop peu. On peut les comprendre.

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En même temps, continuer à produire des véhicules (10 millions par an environ) avec un système de sécurité qui sera inopérant d’ici deux ou trois ans n’est pas non plus défendable. Dans ce contexte, l’Europe semble bien dépourvue. Il y a bien un projet de texte qui prévoit que les constructeurs passent à un système 3 ou 4G mais en 2026 seulement, mais sur base volontaire. Ce qui n’a aucun sens. Pourquoi attendre deux ans de plus ?

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Il y a bien plusieurs solutions, mais elles coûtent toutes très cher. Si l’Europe continue d’obliger le montage de ce dispositif d’appel d’urgence, des spécialistes de la PFA estiment que le coût du maintien du réseau reviendrait à 46,1 millions d’euros par pays de l’UE chaque année pour la 2G, et à 54,4 millions d’euros pour la 3G. Soit un total de 1,2 à 1,5 milliard d’euros par an à l’échelle de l’Europe. De même, si l’Europe venait à obliger le changement de dispositif sur 36 millions de véhicules, l’opération coûterait 13 milliards d’euros, soit 363 euros par véhicule. Ce qui est évidemment impayable. Ou comment une bonne idée et une mesure de sécurité intéressante pour les personnes risquent de passer purement et simplement à la trappe. Car naturellement, personne n’est prêt à mettre la main au portefeuille, ni les opérateurs, ni les constructeurs. La prochaine Commission qui naîtra des élections de juin prochain devra en tous cas trancher le sujet.

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Par David Leclercq Rédacteur automobile

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