ESSAI RÉTRO Trabant 601 S De Luxe : La fin d’une époque

Symbole de la RDA, la Trabant 601 était un des deux seuls modèles de voitures qu’un citoyen de ce pays communiste pouvait s’offrir. Produite de 1964 à 1990, elle n’a presque pas connu de modifications pendant sa carrière.

Publié le 13 juillet 2021
Temps de lecture : 4 min

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La Sachsenring Automobilwerk Zwickau est une entreprise d’état (appelée VEB pour Volkseigener Betrieb ou Usine Appartenant au Peuple) de la RDA, composée des anciennes usines d’Auto-Union, passées en territoire communiste après la seconde guerre mondiale. Vivant en presque autarcie, la RDA se caractérisait par son industrie lourde et sa vie plutôt austère. En ce qui concerne l’automobile, les Allemands de l’Est n’avaient pas vraiment l’embarras du choix : après la guerre, seules des IFA, anciennes DKW rebadgées, furent mises en vente, à partir de 1949. En 1958 fut toutefois lancée la Trabant (qui signifie « satellite » en allemand), première vraie nouvelle voiture depuis la fin de la guerre. Cette petite voiture familiale était dotée d’un moteur bicylindre 2 temps robuste et simple. Vendue sous la dénomination P50, elle évolua en 1962 en P60, atteignant dès lors les 100 km/h. Cependant, un nouveau modèle arriva deux ans plus tard, faisant définitivement entrer la marque dans l’histoire.

Chiffons compressés

La 601 arbore une ligne carrée bien plus moderne, adoptant certains gimmicks du début des années 60 comme des feux arrière verticaux. Pourtant, elle n’est qu’une version rajeunie de la P60 et utilise toujours une carrosserie réalisée dans un matériau composite qui fait la fierté de la RDA : le Duroplast. Fabriqué à base de coton (des chiffons en réalité !) pressé à chaud, celui-ci se caractérise par une étonnante robustesse !

Sous le capot se cache toujours un bicylindre de 954 cc refroidi par air. Prévue pour être réparable par le plus grand nombre, cette voiture est d’une simplicité géniale, au même titre qu’une 2CV ou une Coccinelle. Malheureusement, les vicissitudes du régime communiste compliquaient la vie des citoyens. Si ces derniers avaient un niveau de vie correct comparé aux autres pays du bloc soviétique, les biens de consommation n’étaient pas toujours facilement accessibles. C’était le cas de la Trabant, dont le délai de livraison s’étendait de 10 à 20 ans, sans choix de la couleur, évidemment !

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Vraie gamme

Alors que les Wartburg étaient majoritairement réservées à une élite proche du Parti communiste, la Trabant était le seul modèle dévolu au peuple. Au cours de sa carrière, elle fut également déclinée en break (Universal), en cabriolet (Tramp) ou en fourgonnette. Mais les années passaient… mais la Trabant n’évoluait pas. Le coup de grâce fut donné en 1989 par la chute du Mur de Berlin. La firme tenta de moderniser la voiture en installant un moteur 1.1 d’origine Volkswagen en lieu et place du bloc deux temps. Le problème est que ce symbole dépassé d’un ancien régime associé à beaucoup de souffrances et de privations n’avait plus lieu d’être. La dernière Trabant sortit donc des chaînes en 1990 en toute discrétion.

Comme neuve !

Leur Trabant, David et Xavier l’ont trouvée dans un hangar de la banlieue bruxelloise, où elle attendait une hypothétique remise en route depuis des années. Datant de 1989, celle-ci n’a que 21.000 km au compteur ! A peine rodée, elle n’a donc demandé qu’un gros entretien avant de reprendre la route, pour le bonheur de ces deux frères passionnés par tout ce qui roule. Déclinée en version S De Luxe, celle-ci est bicolore et possède des pare-chocs en chrome et une radio d’origine. Excusez du peu ! Pour le reste, le luxe n’est qu’une illusion car la Trabant ne dispose par exemple toujours pas d’une jauge à essence. Pour connaitre l’état du plein, il suffit de plonger une latte dans le réservoir !

Et il suffit de tourner la clé de contact pour se retrouver directement dans une fumée bleue malodorante. Emettant une sonorité métallique, le moteur entraine son lot de vibrations dans toute la caisse.

Commandée via un minuscule levier situé à droite du volant, la boîte de vitesses à quatre rapports demande un peu d’entraînement en raison de sa grille inversée. Pesant à peine 650 kg toute mouillée, la Trabant ne souffre pas trop de sa puissance ridicule de 26 chevaux, qui l’entraîne à 90 km/h en pointe. De toute façon, ses petits freins à tambours n’en supporteraient pas plus, tout comme son antique suspension à lames de ressorts. Complètement obsolète, la Trabant fait sourire aujourd’hui. Serait-ce sa revanche sur son sinistre passé ?

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Par Maxime Hérion Journaliste

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