Le moteur rotatif, histoire d’une voie sans issue

Pendant des années, le moteur rotatif a fait rêver nombre de constructeurs qui y voyaient une mécanique plus efficace. Ils y ont investi des sommes colossales. Une voie pourtant sans issue réelle, car, hormis sur quelques modèles exotiques, cette motorisation n’a jamais percé.

Publié le 26 octobre 2021
Temps de lecture : 4 min

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Le moteur Wankel est un moteur à piston rotatif qui fonctionne selon le cycle de Beau de Rochas. Dans ce schéma, un piston « triangulaire » convertit l’énergie issue de la combustion du carburant en une énergie mécanique de rotation transmise à l’arbre moteur via un maneton. Le moteur Wankel est couramment appelé « moteur rotatif » alors qu’il faudrait davantage parler de « moteur à piston rotatif ».

Le principe du moteur n’a pas été découvert par celui qui lui a donné son nom, l’Allemand Felix Wankel, car il repose sur le principe de la pompe à palettes datant du XVIe siècle. C’est toutefois dans les années 1950 que le moteur sera développé sous sa forme actuelle par cet ingénieur de la marque NSU. Il sera utilisé sur des motos avant que le brevet soit exploité par d’autres constructeurs.

Réduire les frottements

Techniquement, ce que promet le moteur à piston rotatif, c’est une réduction des pièces en mouvements et donc des frottements au profit du rendement mécanique. Le moteur à cylindre rotatif présente donc des avantages, car il ne dispose ni de bielles, ni de distribution, ni de vilebrequin. Wankel, brillant ingénieur – mais aussi un nazi de la première heure –, dépose un brevet dès 1929 de moteur à cylindre rotatif, s’inspirant largement comme dit de la pompe à eau rotative d’Agostino Ramelli (XVIe siècle).

Wankel se fait subventionner par les autorités nazies pour travailler sur l’étanchéité de son moteur, son point faible. Avec la guerre, il ne reprendra ses travaux qu’en 1957 auprès de NSU où il est utilisé comme compresseur sur les motos.

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D’autres constructeurs

Divers constructeurs vont s’emparer du brevet de Wankel. C’est le cas de Mercedes, mais aussi de Citroën qui s’associe à NSU en 1967 pour produire conjointement les NSU Ro 80 et la Citroën GS Birotor. Fait aussi s’intéresse à ce moteur, mais l’Italien abandonne rapidement ses recherches en raison du manque d’étanchéité de la mécanique. Et cela se comprend : toutes les voitures qui optent pour le moteur à cylindre rotatif souffrent des mêmes défauts. Elles sont plus gourmandes en essence et en huile tandis que la fiabilité fait cruellement défaut avec des moteurs qui cassent avant 40.000 km… Finalement, tous les constructeurs l’abandonnent, notamment en raison de la crise pétrolière de 1973. Un seul constructeur résiste et s’obstine : Mazda.

Amélioration, mais pas de victoire

Avec des crédits importants et un travail de titan opéré par les ingénieurs, Mazda parvient à fiabiliser le moteur qui parvient souvent à passer 100.000 km sans casse. Consécration : la Mazda 787B, à moteur quadrirotor, a remporté les 24 Heures du Mans 1991, prouvant les performances du Wankel. Mais celui-ci sera injustement interdit dans cette course. Cela dit, malgré tous ses efforts, le Japonais ne résoudra jamais les problèmes de surconsommation, ce qui dans un contexte de réduction des émissions de CO2 pose un réel problème.

Las, Mazda décide d’abandonner le moteur à piston rotatif en 2012, du moins en tant que motorisation principale. En réalité, le moteur Wankel possède un avantage : celui d’une belle efficacité lorsqu’il tourne à régime constant.

Ce qui n’est pas le cas à bord d’une automobile. Il est donc parfait lorsqu’il est utilisé en aéronautique, en marine ou pour les… tondeuses. Régulièrement, Mazda, tel un irréductible, évoque encore le moteur à piston rotatif. La marque a envisagé de revenir plusieurs fois, désireuse de donner une descendance aux RX-7 et RX-8. Rien n’a finalement jamais été présenté. Pas plus qu’une application du Wankel comme prolongateur d’autonomie pour un modèle électrique. Oui, le moteur à piston rotatif aura été une voie sans issue, du moins pour le secteur automobile.

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Par David Leclercq Rédacteur automobile

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