Les pneus, ces pollueurs cachés

Des scientifiques ont mené des recherches sur les sources de microplastiques présentes dans nos cours d’eau. Si les eaux usées domestiques constituent un foyer, il est apparu en réalité que ce sont les particules issues des pneus de voiture qui représentaient la source principale de cette pollution. Devrait-on dès lors mettre en place des normes plus strictes pour les gommes de nos automobiles ?

Publié le 8 septembre 2021
Temps de lecture : 4 min

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Partout dans le monde, on trouve dans la nature de petites particules de plastique. Celles-ci sont appelées microplastiques. Ces particules sont tellement nombreuses qu’on ne connaît pas leur diversité ni leur provenance. C’est pourquoi des scientifiques de l’Université de Gand (UGent) et de l’Institut flamand pour la recherche technologique (VITO) ont effectué des mesures de quantité de microplastiques dans nos eaux de rivière.

« Dans nos cours d’eau, il y a en moyenne 3 à 4 particules microplastiques par 10 litres d’eau », a déclaré à la VRT Jana Asselman (UGent), professeur de toxicologie environnementale. « C’est un chiffre peu élevé et comparable à celui d’autres pays européens. Notre étude tend à démontrer que cette concentration génère un impact faible sur l’environnement et les animaux. »

Deux sources principales

L’étude a identifié deux sources principales d’émission de ces microplastiques. Il s’agit des eaux usées domestiques et les eaux provenant des routes et autoroutes. Cette dernière donnée interpelle naturellement, car elle montre que l’usure des pneumatiques est une source importante de production et qu’elle est totalement ignorée.

Les chercheurs estiment ainsi qu’en Flandre, quelque 4.000 tonnes de particules de caoutchouc provenant des voitures particulières se retrouvent chaque année sur les routes. « Jusqu’à 250 tonnes d’entre elles finissent dans les cours d’eau, soit beaucoup plus que dans les eaux usées domestiques, ce qui nous surprend », note le professeur Asselman.

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Les chercheurs recommandent donc de surveiller ces microplastiques issus de l’usure des pneus, une surveillance d’autant plus importante que l’arrivée des voitures électriques a toutes les chances d’accroître la part automobile de cette pollution étant donné que les véhicules sont plus lourds et que leurs pneumatiques s’useront plus rapidement.

Standard pour l’usure

Ce phénomène n’est toutefois pas nouveau ni vraiment inconnu. Chacun sait qu’un pneu de voiture s’use et doit être remplacé au bout d’un certain temps. Logiquement, le caoutchouc de la bande de roulement s’arrache progressivement et se trouve sur, mais aussi à côté des routes, où il sera finalement emporté par le ruissellement jusque dans les cours d’eau. Si ce phénomène doit être surveillé, il ne sera jamais endigué, car les pneumatiques sont évidemment essentiels pour permettre l’adhérence de la voiture à la route.

Toute la question réside dès lors dans la nécessité ou non d’introduire une norme d’usure des pneumatiques. Ou en tout cas un label, comme il en existe déjà pour l’adhérence, le bruit et la résistance au roulement. C’est un vrai débat à avoir, car une étude émise par le bureau de recherche néerlandais Arcadis démontre que l’écart de résistance à l’usure peut aller jusqu’à 20% entre deux pneumatiques. L’une des possibilités résiderait donc dans l’édiction d’un seuil en dessous duquel les pneus les moins performants ne pourraient plus être commercialisés.

Limiter les quantités émises de microplastiques serait évidemment une bonne chose, mais le problème est qu’il n’existe pas aujourd’hui de procédure établie pour mesurer l’usure d’un pneu. Cela reste en effet très empirique, car tout le monde n’utilise pas sa voiture de la même façon. Pourtant, chez les manufacturiers, les pneumatiques sont bien évalués selon ce qu’on appelle le « triangle magique », qui fait le lien entre la résistance au roulement, l’adhérence et la résistance à l’usure. Seulement voilà : la législation ne retient pas tous ces paramètres.

Arcadis affirme que l’opération pour modifier un pneu et lui conférer des performances plus respectueuses de l’environnement n’est toutefois pas simple et que « l’amélioration d’une caractéristique entraînera de facto la dégradation d’une autre ». De surcroît, il faut noter que plus les pneus sont résistants à l’usure, plus leurs performances routières s’amenuisent : réduire l’usure, c’est aussi réduire les capacités d’adhérence et donc augmenter les distances de freinage jusqu’à 5%. Arcadis affirme toutefois que ces pneus qui s’useraient moins permettraient aussi « de diminuer la quantité de particules produites d’environ 100 tonnes par an rien qu’aux Pays-Bas ».

Ce débat sera-t-il le prochain au sein de la Commission européenne ? Après avoir interdit les moteurs thermiques, est-ce que ce seront les pneumatiques qui seront dans le viseur des Commissaires ? Ne le crions pas trop fort…

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Par Alain De Jong journaliste, rédacteur publicitaire, spécialiste de la communication

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