Au départ, la Wallonie avait de grandes ambitions environnementales pour les transports. Il s’agissait en effet dès le 1er janvier 2025 d’interdire progressivement la circulation des véhicules les plus polluants afin de réduire les émissions de CO2 et d’améliorer la qualité de l’air. Initialement, il était même prévu que cette grande LEZ entre en vigueur au 1er janvier 2023 avec le calendrier suivant : supprimer les Euro I en 2023, Euro 2 en 2024, Euro 3 en 2025, Euro 4 en 2026, Euro 5 en 2028 et Euro 6 en 2030. Sauf que cette législation n’a jamais été mise en place en raison de la non-publication des arrêtés d’application. Un « problème administratif » qui avait postposé la mesure à 2025 (échéance à laquelle les véhicules sans norme, Euro 1, 2 et 3 auraient été éliminés).
Sauf que là aussi, rien ne sera finalement fait. En effet, ce mercredi, la Commission Environnement du Parlement wallon a approuvé ce mercredi, en urgence, une proposition de décret abrogeant les zones de basse émission, une mesure approuvée ce vendredi par l’ensemble des députés pour la dernière plénière avant les élections.
D’obscures raisons
On peut s’interroger sur ce revirement à 180°, alors que les autres régions du pays (et d’autres pays européens) poursuivent des politiques similaires. Au Parlement wallon, on indique que l’interdiction progressive de circuler sur l’ensemble du territoire wallon – une mesure qui émanait du précédent ministre de l’Environnement, Carlo Di Antonio (Les Engagés) – était « disproportionnée, difficilement applicable à l’échelle d’un territoire aussi vaste et divers que la Wallonie, et surtout peu efficace pour améliorer réellement la qualité de l’air. » Des propos tenus par Céline Tellier (Ecolo), ministre régionale de l’Environnement.
Depuis plusieurs semaines, les partis ont fait volte-face et la bonne intention de départ s’est transformée en boulet, probablement parce que la Région n’a pas les moyens de ses ambitions. En effet, interdire certains véhicules revient à stigmatiser plusieurs strates de la population. Et comme aucune aide financière n’est possible et que les élections approchent, toutes les parties ont préféré déclarer forfait. Certains fustigent toutefois la manière de procéder. Car il est vrai que la mesure initiale datait de 2019 et que 5 années se sont écoulées sans que rien ne soit aménagé.
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Aujourd’hui, la mesure est donc jugée injuste, élitiste et antisociale, car les alternatives n’existent pas partout. Une position qui est discutable, car, question équité, il faudrait probablement mettre les citoyens belges sur le même pied. Et en Flandre comme à Bruxelles, un processus d’élimination des voitures les plus polluantes est en marche.
Un bienfait ?
Que penser de cette décision. Qu’elle est juste socialement. Probablement. Mais sans faire de politique, il est dommage aussi que les autorités n’arrivent pas à prendre des mesures de protection de la santé publique (décès prématurés dus aux polluants), les véhicules plus anciens étant effectivement plus polluants. L’absence de décision ou d’aménagements donne une nouvelle fois l’avantage à la Flandre et à Bruxelles qui ont une vision et tiennent un cap. Et il y a une fois de plus un nouveau déséquilibre entre le nord et le sud.
Reste que si la Région déclare forfait, les autorités locales (au niveau des villes) conservent la possibilité d’instaurer des zones de basses émissions locales. La chose avait déjà été envisagée par les villes d’Eupen et de Namur. Il faudra donc voir comment les prochaines majorités envisagent les choses. Mais ça, ce sera pour après les élections communales d’octobre 2024.
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