Bruxelles élimine progressivement les voitures les plus polluantes de son territoire. Pour la Région, il s’agit d’améliorer la qualité de l’air et l’ambiance sonore. Dans ce cadre, janvier 2025 devait constituer une nouvelle étape avec l’élimination des Diesel Euro 5 (immatriculées entre janvier 2011 et septembre 2015) et les essence Euro 1 (antérieurs à 2001), ce qui représente environ 850.000 véhicules dont 32.000 véhicules de résidants bruxellois. Rappelons que le calendrier prévoit que plus aucune voiture Diesel ne circulera en 2030 tandis qu’en 2034, ce sont les voitures essence qui ne pourront plus rouler.
Récemment, l’organisme Touring est monté au créneau en demandant aux autorités bruxelloises de ne pas imposer cette interdiction au nom de plusieurs arguments : une raison économique d’obsolescence programmée, un besoin de transition plus harmonieux, la nécessité d’une offre de véhicules propres plus diversifiée et abordable, le pouvoir d’achat affaibli des ménages et, enfin, une infrastructure de recharge pour les véhicules électriques encore insuffisante. Mais l’organisme avait été vite répondu par le gouvernement régional : pas question de changer quoi que ce soit au calendrier.
Les partis dans la danse
Sauf que cette fois, ce n’est plus un organisme privé qui demande le report de cette interdiction, mais les partis politiques eux-mêmes. En effet, le PS a jeté un pavé dans la marre en demandant un report de deux ans de la mesure. Une initiative rejointe en partie par Défi qui ne s’opposera pas à cette demande et exigera a minima des exceptions pour les conducteurs qui roulent peu.
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Le dossier qui avait pourtant fait l’objet d’un consensus il y a quelque temps a donc toutes les chances d’être réouvert dans l’optique d’enclencher une marche arrière, comme vient d’ailleurs de le faire la Wallonie qui renonce à instaurer une grande zone de basses émissions. Ceux qui contestent le calendrier bruxellois sont donc poussés dans le dos par toutes ces autres marches arrière. Et d’autant plus que la pression monte à la veille des élections de juin.
Un alignement national ?
Pour les députés Ibrahim Dönmez (PS) et Ridouane Chahid (PS), il s’agit de s’aligner sur la Flandre et la Wallonie et de ne pas faire cavalier seul. C’est bien la première fois qu’on entend cet argument… Le parti socialiste demande des exonérations pour les familles nombreuses, une meilleure prise en compte des critères sociaux, ainsi qu’une démarche proactive de l’administration envers les détenteurs des véhicules en passe d’être bannis. En gros : il faut des aides financières et de l’accompagnement. Et comme la Région n’est probablement pas capable d’en donner étant donné l’état des finances publiques, ce report semble d’autant plus justifié.
Même son de cloche chez Defi qui essaie probablement aussi de faire oublier sa profonde crise interne qui est d’avis de demander a minima des dérogations pour les citoyens qui effectuent moins de 10.000 km par an. Là encore, le calcul est fin, car ceux qui résident en ville dépassent rarement ce seuil kilométrique.-
Les Écolos pas d’accord
Pour le groupe Écolo-Groen qui est à la manœuvre (cabinet de la Mobilité et de l’Environnement), cette proposition est un très mauvais signal. D’autant que l’instauration de la LEZ est de son resserrement au fil des ans est vu comme un trophée de législature. Alain Maron (Écolo), ministre de l’Environnement, avance les 7.000 décès prématurés en Belgique dus à la pollution. Et il rappelle que le calendrier est fixé depuis 2018 et approuvé par l’ancienne législature.
Reste à voir comment les choses évolueront. Particulièrement critique, le MR considère que la LEZ bruxelloise est un échec socialement. David Leisterh (MR) indiquait que les règles de la LEZ touchent souvent les personnes les plus précarisées qui possèdent de vieilles voitures. Et de faire une autre demande : réduire les amendes pour les détenteurs d’Euro 5 à 50 euros par mois, soit 600 euros par an, contre 350 euros par trimestre ou 1.400 euros par an actuellement. Les Engagés souhaitent aussi une révision de la chose tout comme le PTB qui défend les bas revenus.
Il faudra voir comment se poursuit ce bras de fer. Et comment les électeurs verront les choses devant les urnes en juin prochain. Ce qui est certain, c’est que ce dossier reviendra (encore) sur la table de la prochaine législature.
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