Le parlement européen a donc voté mercredi 8 juin en faveur d’une sortie totale du moteur thermique au 1er janvier 2035. À partir de cette date, les constructeurs n’auront plus le droit de vendre de nouvelles voitures à moteurs thermiques, pas même des hybrides ou hybrides rechargeables. L’objectif de l’Europe est d’atteindre la neutralité carbone en 2050 en tablant sur le fait qu’une voiture est utilisée pendant 15 ans. De ce fait, dès 2050, plus aucune voiture thermique ne devrait être en circulation sur nos routes.
Cela dit, le texte adopté a fait l’objet d’âpres débats ainsi que d’un lobbyisme intense de la part des constructeurs comme l’avait indiqué le député français, Pascal Canfin (Renew). Et, manifestement, les efforts déployés auraient abouti puisque certaines marques sont exemptées de cette interdiction. C’est le cas de Ferrari, Lamborghini, Bentley, etc.
Une rallonge
Cette clause d’exemption a été défendue farouchement par les députés italiens (tiens, tiens…) à tel point que l’amendement 121 est même baptisé « Ferrari ». Cette clause vise à exempter les voitures qui sont construites à moins de 1.000 exemplaires par an. Il ne s’agit donc pas de toute la gamme, mais de quelques modèles spécifiques, tels que la Maserati MC20, les Bugatti ou des Ferrari très confidentielles.
Cet amendement 121 contient en outre une clause dérogatoire pour les constructeurs qui assemblent moins de 10.000 voitures par an. Ceux-ci bénéficieront d’une petite rallonge d’une année pour passer à une gamme 100% électrique. Ceci concerne donc les modèles à gros volume de Ferrari, Lamborghini, Bentley, mais aussi de Rolls-Royce et d’Alpine qui dépassent de très peu le seuil des 10.000 unités annuelles. Pour ceux-là, la transition sera obligatoire à partir du 1er janvier 2036.
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Une décision juste ?
On peut évidemment se poser la question de savoir si cet amendement est équitable. Probablement pas, car elle offre aux ultrariches une exemption de sortie du thermique alors que ce sont eux qui ont les moyens de passer à la voiture électrique le plus facilement, et ce en accédant des modèles les plus performants (recharge, autonomie, etc.) puisque pour eux le prix n’est qu’un détail.
Si cette décision peut certes être présentée comme une manière de faire vivre un certain artisanat ou un certain savoir-faire, elle pose en effet la question de l’équité sociale de la mesure d’interdiction de 2035. N’oublions pas en effet que ces dernières années des marques low cost comme Dacia ont permis à beaucoup de personnes d’accéder à l’automobile et de se déplacer dans des conditions de sécurité et de confort correctes. Or, il est clair que, malgré la Spring, le modèle de Dacia et du low cost en général est remis en question.
Existera-t-il demain des voitures électriques abordables et accessibles au plus grand nombre ? Ce sera difficile, car le prix actuel d’une Spring n’est pas si démocratique. Or, on s’attend qu’avec les pénuries et l’énergie chère, le prix des voitures électriques ne baisse finalement pas dans les prochaines années, même si la production augmente. Dans ce contexte, le pas de côté des députés avec l’amendement 121 pourrait très bien être le symbole d’une injustice sociale et climatique croissante.
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