ESSAI DS 9 E-Tense : Le jour de gloire est arrivé ?

Six ans après s’être établie comme marque, DS lance enfin ce qu’on attendait d’elle : une berline de standing. Celle que l’on a tous envie de voir comme l’héritière de la DS. Mais on ne doit pas…

8 / 10
Publié le 15 mai 2021
Temps de lecture : 8 min

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Depuis le début, ça nous est répété. La DS originelle était une Citroën, et elle le restera. A peu près tout ce qui avait rendu le modèle si emblématique, comme le design avant-gardiste et l’innovation au service du confort, reste l’apanage de Citroën. La marque DS n’a hérité que d’une seule chose : le luxe à la française. Et elle s’est donné la mission de réinventer ce concept, de le dépoussiérer, pour en faire ce qu’il a cessé d’être il y a une vingtaine d’années : une alternative à la domination allemande dans le monde du premium.

Tout cela, vous le saviez déjà. Mais ce n’est pas tant à vous que je le répète qu’à moi-même. Comme pour m’obliger à l’accepter. Car j’ai encore un peu de mal à renoncer au secret espoir de voir un jour une vision néo-rétro de la « vraie » DS. Je dois donc m’efforcer de ne pas chercher ici la moindre référence à l’illustre Citroën. On dirait toutefois que même chez DS, on n’a pas pu complètement résister. En témoignent les petits rappels de clignotants aux coins supérieurs de la lunette arrière. Mais à part ça, il faut apprécier la voiture avec un regard neuf, avec d’autres références. Celles des concurrentes directes de la DS 9 : Mercedes Classe C, BMW Série 3 et Audi A4. Voire, vu ses dimensions, Mercedes E, BMW 5 et Audi A6.

L’art du détail

Sur le plan esthétique, on ne peut pas dire que la comparaison démarre en fanfare. Car contrairement à la légendaire Citroën qu’il nous faut oublier, la DS 9 ne dénote pas vraiment. En tout cas de prime abord. Ses formes générales ne sont ni plus conservatrices, ni plus originales que celles de ses rivales. C’est une berline presque classique, si ce n’est qu’elle est la seule de la catégorie à ne pas adopter le profil « à coffre ». Mais DS aime faire le parallèle entre ses voitures et les produits de luxe « made in Paris ». Maroquinerie, orfèvrerie, haute couture… Des produits caractérisés par le souci du détail. De fait, quand on s’approche, on commence à voir que la DS 9 est loin d’être ordinaire. Il y a le « sabre » de capot en alu guilloché, les phares effet diamant, les feux arrière en écailles, les poignées de portes rétractables, la calandre effet 3D très travaillée… Oui, la DS 9 pourra vous passer à côté sans que vous la remarquiez. Mais quand vous serez près d’elle au feu rouge ou dans les bouchons, que vous aurez le temps de l’observer, tous ces petits détails finiront par laisser une très belle impression et par convaincre que, oui, la DS 9 est différente.

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Autre vision

Et puis, il y a l’habitacle. C’est indiscutable : DS tient sa promesse de proposer une vision alternative du luxe. Les différentes ambiances proposées sont toujours d’un goût exquis, d’une harmonie parfaite et d’une très grande qualité. DS souligne d’ailleurs un peu perfidement que de plus en plus souvent, même les Allemands « contrôlent les coûts » en rabotant ci et là sur la noblesse des plastiques. Ce n’est pas faux, et il est vrai que trouver des plastiques indignes dans la DS n’est pas facile. Mais bref, que ce soit l’Alcantara, le cuir matelassé façon sac Channel ou le cuir plein, la peau tendue sur la planche de bord jusqu’à la base du pare-brise, les désormais fameux sièges au look bracelet de montre, les surpiqûres perlées, les éléments de commandes (volume audio, vitres électriques, etc.) finement ciselés… Non, vraiment, c’est beau. C’est même hautement distingué. C’est, on y revient, vraiment différent. Si bien que les intérieurs des autres marques semblent soudain très standardisés. Or, quoi de moins exclusif que la standardisation ?

La DS 9 met aussi le paquet sur le plan technologique. Ca passe bien sûr par le système multimédia connecté on ne peut plus complet, avec un écran tactile de généreuses dimensions. Quant au tableau de bord numérique configurable, il laisse une impression ambivalente. D’un côté, son design est peut-être trop « spécial ». C’en est déstabilisant, presque dérangeant au départ. D’autre part, c’est aussi une façon d’affirmer une différence. D’ailleurs, les tableaux de bords inventifs, parfois au détriment de la lisibilité, n’était-ce pas une signature de la maison ?

Dans l’air du temps

Sur le plan mécanique, la DS 9 est dans l’air du temps, puisqu’elle ne retient qu’une solution : le moteur essence hybride plug-in. Deux versions sont proposées au lancement. Dans la première, le 1.6 essence et le moteur électrique délivrent ensemble 225 chevaux. Dans la seconde, la E-Tense 4×4, un second moteur électrique sur le train arrière permet d’obtenir la bagatelle de 360 chevaux. Les connaisseurs ont reconnu la mécanique de la géniale Peugeot 508 PSE. La DS reçoit aussi bien sûr des batteries de 11,9 kWh, qui promettent une autonomie maximale de 48 km et permettent d’homologuer la version 225ch à 1,5l/100km et 33g CO2/km. De quoi bien placer la voiture sur le marché du fleet.

Nous avons essayé la version 225 chevaux, dont la mécanique est, sur la route, comme elle est dans les autres véhicules du groupe : vigoureuse, souple, bref, agréable. Rouler en mode électrique est par ailleurs ici particulièrement indiqué, puisqu’on parle d’une voiture aux très hautes prétentions en matière de confort. Et nous y voilà… Le confort, LE point qu’on ne peut s’empêcher de dissocier des lettres D et S.

Occasion manquée ?

Sur le plan de l’habitabilité, c’est parfait. La DS 9 repose sur la plus longue version de la plateforme qui porte aussi la Peugeot 508, et elle profite du coup des plus généreuses place arrière de son segment (celui de l’Audi A4). La 9 reçoit aussi en série des suspensions pilotées, préparées aux irrégularités du sol grâce aux scanners qui lisent la route devant la voiture. Coquetterie qu’on ne trouve chez les Allemands que deux catégories plus haut. Le système est réellement efficace. Pas de quoi totalement effacer les bosses et les creux, mais de quoi en arrondir sensiblement les angles, et proposer un confort plus ouaté qu’ailleurs. Mais on se demande pourtant si DS n’a pas loupé une ou deux occasions. Par exemple, j’aurais bien vu une direction plus assistée, quitte à sacrifier un peu d’impression de précision pour plus de douceur. En ça aussi, elle se serait différenciée des Allemandes. Mais plus important encore : pourquoi des sièges aussi fermes quand chez Citroën, le corps est caressé par des mousses magiques ? « Parce que nous tenons à bien différencier les marques », répond DS. Mais qui diable va encore confondre les deux marques ? Et « à cause » de sièges trop moelleux ? Franchement, n’est-ce pas bizarre de sentir son corps mieux accueilli dans une C3 que dans une DS 9 ? Moi je trouve que oui. Et je trouve que c’eût été la différence ultime par rapport aux sièges allemands, souvent un poil trop durs.

Conclusion

Le diable est dans les détails. Et bien qu’un détail pêche dans la DS 9, tous les autres lui permettent de réussir son défi : être différente, sans être moins bien. Est-ce le retour en gloire de la France dans l’univers premium ? On le souhaite, pour le bien de la diversité.

DS 9 E-Tense 225 : fiche technique

Moteur : 4 cyl., essence, hybride plug-in, 1.598cc ; 225ch ; 360Nm.

Transmission : aux roues avant.

Boîte : auto 8 rapports.

L/l/h (mm) : 4.934/1.932/1.460

Poids à vide (kg) : 1.839

Volume du coffre (l) : 510

Réservoir (l) : 42

Autonomie électrique (km) : 48

0 à 100 km/h (sec.) : 8,3

Prix : 54.990 € TVAC

Puissance : 225 ch

V-max : 240 km/h

Conso. mixte : 1,5 l/100km

CO2 : 33 g/km

Qualités
  • Alternative convaincante aux Allemandes
  • Vraiment un autre style de luxe
  • Espace à bord
  • Moteurs bien assortis à la voiture
Défauts
  • Démarche de différence incomplète ?
  • Esthétique un rien trop discrète

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Par Laurent Zilli Professionnel indépendant de la rédaction et de l'édition

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