ESSAI Abarth 695 Biposto : Une pince pour la route...

Moins d’une tonne et 190 chevaux… Tout est dit? Non, pas vraiment. Car c’est toute une atmosphère qui règne autour de cette 695 Biposto. Et chez Abarth, ils font fort pour nous plonger dans l’ambiance. A commencer par une conférence de presse sur un fond du bien vivant groupe de rock AC/DC. La couleur est annoncée : ça va remuer ! Et pour se déhancher à bord de cette bombinette, notre terrain de jeu se situe non loin de Parme, sur le circuit de Varano. Et pour séduire les Belges, les Italiens n’ont pas manqué de nous faire part d’une anecdote sympa : lors de l’inauguration de cette piste en 1972, Jacky Ickx a pris le volant de sa Ferrari de Formule 1 et n’a pas accompli un seul tour… En abordant la neuvième courbe, il a crashé la machina rossa dans un mur de pneus. Aujourd’hui, ce virage porte son nom ! Mais trêve de bavardages, revenons-en à la machina dello Scorpione...

Genèse

L’Abarth 695 Biposto est un hommage aux 50 ans de l’auto du même nom (voir encadré). En effet, c’est au Salon de Genève 1964 qu’est apparu ce modèle pour la première fois. Depuis, le pot de yaourt a bien grandi et n’en est plus vraiment un puisque l’Abarth dépasse largement les 3 mètres de long (3.650 mm). Le modèle qui nous occupe est une stricte biplace qui répond parfaitement à la philosophie de Karl Abarth, créateur de la marque: «Le dimanche au circuit et le lundi au bureau». C’est sûr qu’avec sa barre de renfort arrière en titane, ses 997 kilos, son 1.4 Turbo poussé à 190 cavalli et ses packs qui sentent la compétition (nous y reviendrons), l’objectif n’est pas – que – de faire bonne figure en ville. D’ailleurs, la 695 Biposto n’est plus très loin des 940 kilos de la version Assetto Corse, exclusivement réservée pour la piste. Justement, ça donne quoi sur ce fameux circuit !?

Joueuse mais jamais trompeuse

Varano semble taillé pour cette auto! La piste est étroite et les virages ne sont pas extrêmement rapides. Avec une météo belge et donc, une piste détrempée, on a pu réellement tester les capacités de l’Abarth de route la plus puissante jamais conçue. De base, la boite manuelle reste excellente et les freins sont mordants. Mais attention à ne pas freiner trop fort car l’empattement très court la rend un peu joueuse. Toutefois, avec un bon dosage et du feeling, il est toujours possible de rentrer dans la courbe sur les freins. Il est aussi possible de laisser venir l’arrière au lâcher de gaz pour placer l’auto mais compliqué de la mettre en glisse car, malheureusement, l’ESP n’est pas déconnectable. Un tort, à mon sens, pour une voiture élaborée en grande partie pour la piste. Mais chez Abarth, on nous a dit qu’il était difficile de trouver un compromis entre la sécurité sur route et le fun ultime sur circuit. La priorité pour Abarth étant d’assurer la sécurité de ses clients, l’ESP veillera donc en toutes circonstances. Dommage mais il est vrai que les clients Abarth n’étant pas extrêmement nombreux, mieux vaut les garder en vie…

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Des packs en veux-tu en voilà

En montant dans les tours, le moteur est plus vivant que celui des autres Abarth. Dans ces zones-là, la sonorité des échappements Akrapovic est également plus typée course. A bas régime, le bruit rauque typiquement Abarth est, heureusement pour les oreilles, conservé. Sur route ouverte et avec les réglages de suspensions d’usine, la 695 Biposto n’est pas encore trop «tape-cul», même si pour en être certain, il aurait fallu que je parcours plus de 6 kilomètres… Quoi qu’il en soit, à 40.500 euros de base, vous ne disposerez pas encore de la version la plus ultime. Pour acquérir le différentiel autobloquant (bien utile pour éviter de trop sous-virer sur le gras) allié à une inédite boite en H permettant de changer les vitesses à la volée, il faut débourser 10.000 euros de plus. Le beau compromis serait de prendre le différentiel avec la boite manuelle classique, tant la boite à crabots, trop radicale, est inconcevable au quotidien. Pas possible malheureusement.

Pour réduire encore le poids de l’engin, il est envisageable de monter des fenêtres latérales en polycarbonate pour 3.950 euros. Bref, en prenant les cinq packs possibles, la facture atteint 69.250 euros : le prix à payer pour posséder “la plus petite des supercars” badgée du Scorpion et alimentée de pièces compétition. Mais juste pour se faire une idée, une Renault Mégane RS Trophy R coûte 13.000 euros de moins et une Porsche Cayman GTS ne coûte que 7.000 euros de plus!

Conclusion

L’Abarth Punto étant délaissée, le préparateur italien se concentre exclusivement sur la piccola 500. Il y en a pour tous les goûts, de 135 à 190 chevaux. Et si vous cherchez une Abarth de course pour rouler sur route, c’est la 695 Biposto qu’il vous faut. Mais au vu de son tarif, il ne faudra pas se priver pour se rendre au circuit car dans le cas contraire, une 595 fait amplement l’affaire!

A bord d’une 695 Biposto de 45 ans

Entrer à bord du pot de yaourt sportif de 1970 et réussir à s’asseoir n’est pas donné à tout le monde. Le siège est carrément vissé à la caisse et on a l’impression de se retrouver les fesses à terre en voyant à peine la route. Rien de superflu à l’époque : seuls trois compteurs sont visibles (pression d’huile, niveau de la batterie et compte-tours). La sonorité n’est pas en reste pour le petit bicylindre arrière de quasiment 695cc (d’où son appellation), à tel point qu’on a l’impression qu’il est situé dans ses oreilles ! On ne perd pas une seule sensation à bord. Tous les sens sont en éveil et si si, ça tenait déjà la route à l’époque. Merci Aldo pour la balade!

Une voiture de course… pour la route

Exclusivité dans la gamme des petites citadines

Boite à crabots inédite dans ce segment

Sonorité Abarth

–

ESP non-déconnectable

Prix de base et des packs

Boite à crabots (option) trop radicale pour une utilisation quotidienne

L’Abarth 695 Biposto en quelques chiffres

Moteur : 4 cylindres turbo à injection directe; 1.368cc; 190ch à 5.500tr/min; 250Nm à 3.000tr/min

Transmission : aux roues avant

Boite : manuelle 5 rapports

L/l/h (mm) : 3.650/1.627/1.488