ESSAI Caterham 275R : Objet de plaisir

Notre métier nous réserve parfois des surprises assez extraordinaires. C’est le cas avec cette héritière de la fameuse Lotus Seven ! La fameuse Caterham 275 R

Publié le 6 septembre 2021
Temps de lecture : 7 min

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Basée au Royaume-Uni, à Dartford, Caterham devient dans les années 60 le plus gros distributeur de la marque Lotus, au point même d’assurer le montage de la Seven pour le compte du constructeur. En 1973, ce dernier céda les droits de la petite voiture de sport à Caterham… qui a continué à la fabriquer depuis ! Fidèle à l’esprit de la Seven originale imaginée par Colin Chapman à la fin des années 50, la « Cat » a évolué tout en douceur depuis. Bien sûr, les matériaux ont évolué pour plus de légèreté encore mais les fondamentaux de la voiture n’ont pas changé.

En 2020, elle n’a toujours ni toit, ni portes, ni direction assistée, pas même de radio ou d’assistance à la conduite. Tout juste est-elle équipée d’une prise 12V et d’un chauffage très simpliste ! Cultivant le minimalisme à son paroxysme, la Caterham est toujours basée sur un frêle châssis tubulaire à peine recouvert de panneaux d’aluminium et de carbone. Résultat des courses, elle n’affiche que 540 kg sur la balance, ce qui est moins lourd que les batteries de l’Audi e-tron !

Cette extrême légèreté est évidemment bénéfique pour de nombreux points. Avec un moteur 1.6 Ford Sigma de seulement 135 chevaux sous le capot, elle est capable d’expédier le 0 à 100 km/h en 5 secondes, une prouesse que ne réussissent habituellement que des voitures bien plus puissantes. Grâce à son poids plume et son châssis placé très près du sol, le Caterham possède un comportement de kart, accentué par sa direction ultra directe et diaboliquement précise. Comme le disait Chapman lui-même, « Light is right » !

Inconfort total

Pour prendre place dans la Caterham, il faut d’abord entrer une jambe dans le cockpit, s’élancer ensuite dans la voiture et rentrer la seconde, tout en se glissant dans le siège. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’espace y est compté aussi bien en largeur qu’en longueur. Pour bien faire, il ne faut pas mesurer plus de 1m80 pour s’y sentir à l’aise malgré la présence de planchers rabaissés.

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En option, il est possible d’opter pour le châssis SV plus long et plus large, ce qui ne serait pas du luxe pour votre serviteur. Qu’à cela ne tienne, c’est pour le moins engoncé dans ce minuscule engin qu’il faut prendre la route ! Très complète question instrumentation, la planche de bord comporte de nombreux basculeurs placés tout en longueur, sans une quelconque forme d’ergonomie et reprenant entre autres les clignoteurs. Evidemment, ceux-ci ne disposent pas de rappel ! Les seuls éléments de confort sont une prise 12V et ce que Caterham appelle pompeusement le « Weather Equipement kit » qui comprend deux minuscules portières en toile et une capote à l’étanchéité très relative. Après cet état des lieux exhaustif de l’équipement de bord, il est temps de prendre la route. Petite subtilité toutefois, le transpondeur de la voiture n’est pas situé dans la clé. Il convient d’abord de le placer sous la planche de bord, avant d’introduire la clé dans la serrure pour démarrer le moteur. Décidément, rien n’est simple dans une Caterham…

Empire des sens

Avec son châssis placé au plus près du sol, la voiture est extrêmement basse. Tellement que l’on peut facilement toucher le bitume avec le bras ! Cette proximité amplifie du coup toutes les sensations que l’on peut éprouver à son volant, si bien qu’il n’est pas nécessaire d’atteindre de grandes vitesses pour se faire plaisir. Difficile d’éviter les poncifs avec cette voiture : oui, c’est vrai, elle se comporte comme un kart. Sa direction est ultra directe et son poids plume la rendent très réactive à la moindre sollicitation de l’accélérateur. Dans ces conditions, il est difficile de se dire que ce moteur est issu d’une simple Ford Focus. Il faut dire que le gros échappement latéral rend sa sonorité rauque et sa proximité participe grandement à l’usine à sensations qu’est la Caterham. Les accélérations sont étonnantes, les vitesses passent à la volée… Le vent, le bruit, la chaleur dégagée par la mécanique et les vibrations dans la direction font également partie de l’expérience qui se rapproche d’ailleurs souvent de la moto. Rapidement addictive, la petite anglaise ne sert à rien d’autre qu’à se faire plaisir. Fermez les yeux (mais pas trop longtemps quand même !) et vous pouvez facilement vous imaginer sur un circuit, au milieu des années 60, vous mesurant avec les meilleurs pilotes de l’époque…

Éprouvante

Sur les routes ardennaises de notre essai, la Caterham est sur son terrain de jeu favori. La moindre route sinueuse est un prétexte pour se faire plaisir à vitesse modérée. Grâce notamment à son différentiel autobloquant, elle se révèle moins piégeuse que l’on ne pourrait l’imaginer, même lorsqu’on la brutalise. Attention toutefois aux excès d’optimisme car la bête ne dispose d’aucune aide à la conduite, même pas d’ABS ! Planté sur le tunnel de transmission, le minuscule levier de vitesses est un joystick avec lequel on prend beaucoup de plaisir à jouer !

Très ferme, la Caterham vous transmet la moindre aspérité et même le moindre mégot abandonné sur la route dans votre colonne vertébrale. Vous comprendrez donc aisément la fatigue intense que l’on peut ressentir après avoir pratiquée pendant quelques heures. Il faut dire que les sièges à l’assise très peu épaisse ne jouent pas en sa faveur. Ne disposant pas d’espaces de rangements si ce n’est un très petit coffre sous l’arceau de sécurité qui contient déjà une partie du fameux « Weather Équipement », la Caterham n’est vraiment pas fonctionnelle pour un sou. Inutilisable au quotidien, elle ne peut s’envisager que le week-end, lorsqu’il fait beau ! Et si vous devez embarquer un(e) passager(ère), veillez à ce qu’il ou elle ne soit pas trop corpulent(e) vu l’étroitesse de l’habitacle ! Malgré ces désagréments, la petite anglaise dégage quelque chose de particulier qui fait que l’on ne peut que s’attacher à elle. Livrée en Europe prête à l’emploi (il est encore possible de l’acheter en kit en Grande-Bretagne), la Caterham 275R n’est pas bon marché. Mais à un peu moins de 50.000 €, il est difficile de trouver un engin offrant les mêmes sensations !

Conclusion 

La Caterham est la preuve que de petits constructeurs peuvent encore nous surprendre avec des voitures hors du temps, à cent lieues des standards actuels. Bon sang, ça fait du bien !

 

La Caterham 275R : Fiche technique 

Moteur : essence ; 135ch ; 165Nm.

Transmission : aux roues arrière.

Boîte : manuelle 6 rapports.

L/l/H (mm) : 3.100/1.575/1.090

Poids à vide (kg) : 540

Volume du coffre (l) : 120

Réservoir (l) : 36

0 à 100 km/h (sec.) : 5

Prix : 47.190 € TVAC

Puissance : 135 ch

V-max : 196 km/h

Conso. mixte : 6,3 l/100km

CO2 : 144 g/km

Qualités
  • Fun à tous points de vue
  • Concept général
  • Attire la sympathie
Défauts
  • Prix élevé
  • Finition artisanale
  • Utilisation très limitée

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