ESSAI Volvo S60 Polestar: sleeper

Comment fait-on si on aime les berlines survitaminées mais pas les voitures allemandes? Depuis quelques mois, il y a une nouvelle réponse: regarder vers la Suède!

Publié le 2 mai 2017
Temps de lecture : 5 min

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Mais d’abord, que signifie ce titre ? On appelle sleeper, littéralement, “dormeuse”, les voitures à l’apparence classique, discrète, voire banale, qui cachent des performances insoupçonnées. La Saab 900 Turbo était une sleeper, ou l’Audi 100 S2 des années 90, ou la Mercedes E500 des années 80 ou, pour rester chez Volvo, les fameux breaks 850. Aujourd’hui, il n’y a plus guère de « sleepers » car la sportivité est devenue un tel argument de vente qu’elle est affichée très ostensiblement. Audi RS, BMW M, Mercedes AMG : les carrosseries bodybuildées annoncent clairement la couleur !

Inaperçue

La Volvo est bien une sleeper. D’abord parce que c’est une Volvo et que peu de gens imaginent qu’une Volvo peut être un monstre de puissance. Ensuite parce que le constructeur la joue très fine, esthétiquement parlant. Parce que si on excepte la peinture bleue, les jantes 20” (comme on en trouve maintenant sous n’importe quel Scénic) et le petit badge bleu “Polestar” appliqué sur la porte de coffre, très peu de choses trahissent le caractère de la voiture. Pas de prises d’air béantes, pas d’ailes élargies, pas de jupe latérale façon tuning… Commandez-la en gris, et vous passerez totalement inaperçu, prêt à réserver quelques surprises quand le feu passera au vert !

Quelque part, on regrette d’ailleurs que cette discrétion soit aussi répercutée à bord. Outre des sièges sport en cuir et alcantara à surpiqûres bleues (et accessoirement très confortables), et le pommeau de boîte au traitement spécifique, l’ambiance est plutôt… normale. Admettons, ça fait partie du concept même de sleeper et on imagine que c’est précisément ce que Volvo recherche. Mais bon… Y a comme un petit goût de trop peu…

Polestar

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Nous n’avons pas encore expliqué ce qu’était Polestar. En gros, c’est l’AMG de Volvo : une entreprise indépendante qui, depuis le milieu des années 90, prépare des Volvo pour la compétition avec la bénédiction et le soutien de la marque, qui s’est intéressée à la préparation des voitures de route au début des années 2000, a franchi le pas de la production en petite série en 2013 puis, comme AMG, a été rachetée par le constructeur en 2015. Désormais donc, Polestar est la branche sportive officielle de Volvo.

La base de travail de Polestar a été la S60 T6 qui, avec son 4 cylindres 2.0 doté d’un turbo et d’un compresseur, libère 306 chevaux et est donc déjà plutôt musclée. Un plus gros turbo, des arbres à cames et des bielles spécifiques plus tard, le moteur revendique 367 chevaux et 470 Nm, et son régime maxi passe de 6.000 à 7.000 tours. La boîte auto 8 (la seule disponible) et la transmission intégrale ont aussi été retravaillées et naturellement, le châssis n’est pas oublié, bien que les retouches soient limitées à de nouvelles barres antiroulis, à l’adoption d’amortisseurs Öhlins (pour les connaisseurs) et à des étriers de freins Brembo, 6 pistons à l’avant. Sérieux !

Le sleeper se réveille

Comme nous le disions, un des côtés fun d’une sleeper est de réserver des surprises aux profanes. Ainsi ce jour où, alors que j’avais un passager à ma droite et un bon morceau de route libre devant moi, j’ai basculé le levier de la boîte sur “S” et enfoncé le pied droit dans la moquette. Le temps pour la boîte de redescendre deux rapports et ça commence à pousser. Pour de vrai. Là, le passager pourtant pas vraiment impressionnable, se colle dans le dossier, attrape la poignée de la portière et, après avoir repris son souffle, prononce un “Oooookaaaaaaay !” incrédule. Ca, c’est l’effet sleeper !

Mais attention, la Polestar n’est pas qu’un dragster de lignes droites. Pour novice qu’il soit dans le secteur des voitures “standard” piquées aux anabolisants, le constructeur suédois n’a pas grand-chose à envier au trio allemand. Il y a bien deux ou trois choses à redire. Par exemple que la boîte n’a pas encore bien acquis la notion de “sport”, ou que la direction se cherche parfois en attaque de virage. Mais c’est gênant pour le plaisir des sensations, pas pour l’efficacité. Car la transmission intégrale est réglée aux petits oignons et assure des trajectoires nettes et sans bavures. C’est peut-être le dernier reproche, d’ailleurs : la Polestar est une voiture très sérieuse, qui ne manifeste aucune envie particulière de “jouer”.

Parmi les qualités, il y a donc l’efficacité générale de la voiture, le compromis assez bien balancé (compte-tenu des performances) avec le confort et, à notre avis la pièce maîtresse, le moteur. Généreux, fougueux, musical et qui pousse presque jusqu’à la zone rouge sans s’essouffler. Une vraie belle pièce ! Reste quand même un souci : 65.250 euros, c’est 4.000 de plus que chez Mercedes ou Audi. Le prix d’une vraie exclusivité !

Conclusion

Volvo réussit haut la main son examen d’entrée dans le monde des variantes sportives.

 

+

Moteur enthousiasmant

Efficacité

Confort suffisamment préservé

Look “sleeper”

Disponible en break

Boîte auto 8 un peu lente

Direction perfectible

Voiture un peu ancienne (technologie, multimédia)

Prix peu concurrentiel

La S60 Polestar en bref

Moteur : 4 cyl. essence turbo et compresseur, 1.969cc; 367ch à 6.000tr/min; 470Nm à 3.100tr/min

Transmission : aux 4 roues

Boîte : Auto 8 rapports

L/l/h (mm) : 4.635/2.097/1.484

Poids à vide (kg) : 1.751

Volume du coffre (l) : 380

Réservoir (l) : 67,5

0 à 100 km/h (sec.) : 4,7

Prix : 67.250 € TVAC

Puissance : 367 ch

V-max : 250 km/h

Conso mixte : 7,8 l/100km

CO2 : 179 g/km

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Par Laurent Zilli Professionnel indépendant de la rédaction et de l'édition

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