ESSAI RÉTRO Ferrari F355 GTS : La (vraie) première Ferrari de Michael Schumacher !

Si certaines voitures pouvaient parler, elles pourraient dire bien des choses. C’est le cas de cette 355 GTS-là, qui fut la première voiture de fonction de « Schumi » chez Ferrari !

Publié le 20 mai 2021
Temps de lecture : 9 min

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Le début des années 90 est une période sombre pour la Scuderia Ferrari : l’équipe collectionne les déboires depuis quelques années déjà. Fin 1991, Luca di Montezemolo succède à Piero Fusaro à la tête de la marque. L’année suivante est franchement catastrophique car Alesi ne fait que deux podiums alors qu’à ses côtés, Ivan Capelli est remplacé par Nicola Larini, sans plus de succès. En 1993, Gerhard Berger revient chez Ferrari mais l’arrivée au mois de juin de Jean Todt, ancien patron de Peugeot, n’y change pas grand-chose. Alesi, second à Monza, enregistre la meilleure performance de la saison. Heureusement, le vent tourne et 1994 s’annonce sous de meilleurs auspices avec la nouvelle 412 T1 et des restructurations menées à la fois par Todt et Montezemolo. Berger finit premier du GP d’Allemagne, signant le premier succès de l’écurie depuis quatre ans. Avec la confiance qui revient progressivement, les deux pilotes engrangent petits à petit des points mais Jean Todt veut passer la vitesse supérieure. Fin 1995, il embauche Michael Schumacher, déjà double champion du monde avec Benetton !

Ferrari met le paquet

Evidemment, pour s’offrir cette star de la F1, la Scuderia Ferrari a dû largement bourse délier. Et en 1996, on ne se refuse rien pour s’offrir le succès. A peine arrivé, Schumacher se voit donc proposer une voiture de fonction par Luca di Montezemolo. Il s’agit de la 355, dernière modèle de la gamme. Sur la piste de Fiorano, le pilote essaie la voiture et en tant que fin metteur au point, il suggère quelques modifications afin d’améliorer encore son comportement. L’allemand n’est pas un « client » facile car il demande une teinte qui n’existe pas dans le nuancier de ce modèle. Qu’à cela ne tienne : l’usine fabrique une 355 en « Bleu Le Mans » pour son pilote-star. Sa voiture, ce dernier l’a voulue en version GTS, avec le toit amovible, histoire de pouvoir rouler cheveux au vent. Avec son intérieur beige, elle a du charme ! Cerise sur le gâteau : la belle italienne est optimisée selon ses conseils. La voie arrière est légèrement élargie grâce à l’ajout d’entretoises, et le moteur bénéficie d’un petit coup de « boost » qui se traduit par un taux de compression élevé. La voiture est finalement livrée le 30 avril 1996 à Stuttgart, comme en témoigne le carnet d’entretien rempli au nom de son illustre propriétaire.

Le coup de foudre

Michael Schumacher utilise sa Ferrari 355 GTS lors de déplacements privés. La voiture est alors revendue à un ami, qui demande au pilote de signer le dossier du siège conducteur. Son nouveau propriétaire l’immatricule dans le Sud de la France et circule pendant quelques années à son volant dans la région de Nice et Monaco.

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En mai 2004, le Belge Ziv Knoll, grand passionné de course automobile, se rend dans la principauté pour assister à des épreuves historiques. Par curiosité, celui-ci se rend à une vente organisée par la maison Coys et tombe amoureux de cette Ferrari bleue ayant appartenu à « Schumi ». Le coup de foudre est instantané, d’autant que l’Allemand est un de ses pilotes favoris !

Etonnamment, la voiture n’a pas fait l’objet de publicité et n’attire pas les foules. D’ailleurs, elle n’atteint même pas son prix de réserve et se voit retirée de la vente ! Ziv décide alors de tenter sa chance et fait une offre qui est acceptée par son propriétaire. Quelques jours plus tard, c’est un nouveau ferrariste heureux qui rentre en Belgique par la route au volant de son acquisition. Aux petits soins pour son auto qui n’a que 21.000 km au compteur, Ziv Knoll roule régulièrement avec. En 2012, il croise par hasard Michael Schumacher dans les paddocks d’un Grand-Prix de F1. N’écoutant que son courage, il se décide à aborder le pilote pour lui expliquer qu’il possède son ancienne Ferrari. Intéressé, « Schumi » discute pendant quelques minutes avec lui et se dit heureux que sa voiture ait trouvé un nouveau foyer chez un passionné. Un moment unique qui reste à jamais gravé dans la mémoire de Ziv !

Préservation

Depuis, la Ferrari est maintenue en parfait état et roule régulièrement. Depuis son acquisition, elle a tout de même parcouru 24.000 km, prouvant qu’elle n’est pas une pièce de musée destinée à rester statique. En 2017, elle a même reçu le prix du « Best of Show » de Spa Italia, un événement organisé chaque année sur le circuit de Francorchamps, grande fête des voitures italiennes. La 355 se montre fiable à condition d’être entretenue méticuleusement. Récemment ce sont les courroies qui ont été remplacées (une grosse opération demandant la dépose du moteur, à renouveler tous les quatre ans), de même que l’embrayage.  Il n’y a pas de miracles : une ancienne Ferrari ne tolère pas l’a peu-près et ses pièces, quand elles sont encore disponibles, se vendent à prix d’or. Bon à savoir avant de franchir le pas !

Docile

Après avoir abordé l’historique ô combien singulier de cette voiture, il est temps d’en prendre le volant. Assis au ras des pâquerettes, on ne peut qu’admirer cet habitacle où le cuir de grande qualité côtoie malheureusement des pièces de qualité moyenne dont les commodos issus par exemple de la Fiat Punto ! Evidemment, la pièce maîtresse est le fameux levier de vitesses en aluminium qui traverse une grille métallique. Si cette dernière ne facilite pas toujours la tâche lors des passages de rapports, on ne peut rester insensible devant cet élément qui caractérise les Ferrari d’avant l’arrivée des boîtes robotisées.

Sous le capot arrière, on trouve un V8 à 5 soupapes par cylindre de 3,5 litres, développant 380 chevaux et 360 Nm. Avec un poids total de 1.350 kg, la 355 passe de 0 à 100 km/h en 5,3 secondes et atteint la vitesse de pointe de 295 km/h. Ziv prévient d’emblée : la voiture est relativement bruyante, et les choses ne s’arrangent pas lorsque le moteur est chaud. En effet, il ne ment pas ! Placé derrière les oreilles, le V8 se fait bien entendre mais on lui pardonne, tant sa mélodie est agréable.

Surprise : les commandes de la 355 sont loin d’être dure et la prise en main se fait très naturellement. Avec une puissance maximale perchée à 8.350 tr/min, la Ferrari s’exprime pleinement dans les tours mais il n’est toutefois pas nécessaire de faire hurler son moteur dans la circulation. Mais sa sonorité, plutôt grave dans les bas régimes, devient franchement aigüe à mesure que l’aiguille du compte-tours se rapproche de la zone rouge.

Rapide, mais sage

Très homogène à l’usage, la 355 cultive les paradoxes : bien sûr, ses 380 chevaux en font une voiture rapide mais elle ne se montre jamais brutale. Dépourvue de toute aide à la conduite à part l’ABS, elle réclame tout de même une attention de tous les instants, surtout sur sol humide. Mais son châssis la rend très prévenante et pas du tout piégeuse. Il se dit qu’à l’époque, Ferrari s’est inspiré de l’esprit de la polyvalence de la Porsche 911 pour créer la 355. Elle est en tout cas bien plus utilisable au quotidien que la 348 qu’elle a remplacée.

Mais que les amateurs se rassurent : la 355 est et reste une Ferrari. Elle flatte tous les sens et sa conduite est gravement addictive ! En bonne diva italienne, elle réclame de la concentration car sa très faible garde au sol rend n’importe quel casse vitesse dangereux pour le bas de spoiler avant ou, encore plus, pour le carter.

Le grand Schumacher

Difficile de rouler avec la voiture de Ziv sans penser à Michael Schumacher, qui était en train de relever un nouveau challenge alors qu’il a reçu cette Ferrari. Naturellement doué, il redressera rapidement la barre de la Scuderia, même s’il devra attendre l’année 2000 pour remporter son premier championnat du monde avec l’équipe Ferrari. Une domination qui durera jusqu’en 2004. La suite est connue : après deux années décevantes, un premier départ à la retraite et un retour au sein de l’écurie Mercedes, « Schumi » annonce son arrêt définitif de la F1 fin 2012. L’année suivante, un banal accident de ski le plonge dans le coma et depuis… plus de nouvelles officielles. Sans doute le challenge le plus éprouvant de sa vie exceptionnelle !

« Cette voiture a changé ma vie »

Ziv Knoll est ce qu’on peut appeler une encyclopédie vivante de la course automobile. Aucun détail, aucune date ou anecdote ne lui échappe ! Depuis toujours, cette passion dévorante l’emmène sur de nombreux circuits, dans un premier temps comme spectateur. Cependant, il l’avoue lui-même, l’achat de la Ferrari 355 ex Schumacher « a changé sa vie ». En effet, lors d’un rassemblement de Ferrari, Ziv fait la connaissance de personnes qui lui proposent de participer à des compétitions comme pilote cette fois. Il passe alors sa licence RACB pour rouler en 2CV aux 24H 2CV de Spa. Ensuite, il enchaîne quatre saisons en Fun Cup, puis s’offre une Radical (barquette de course à moteur Suzuki) qui sera remplacée par trois autres exemplaites dans les années qui suivent !

Cette nouvelle activité, débutée à l’âge de 45 ans et qu’il pratique par plaisir, lui permet même de prendre le volant d’une ancienne F1 Benetton. En 2012, il s’associe avec le journaliste belge Pierre Van Vliet pour fonder le magazine F1i, une référence dans le milieu. Cette belle aventure, qui s’achève 7 ans plus tard pour Ziv, le mène à la création de son propre blog appelé « The Human Side of Racing ». Comme son nom l’indique, celui-ci est principalement axé sur les relations humaines qui ont fait la F1. Bourré d’anecdotes intéressantes sur l’histoire de cette discipline, ce site est à consulter absolument !

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Par Maxime Hérion Journaliste

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