ESSAI Ferrari Roma : L’amour pour la marque

Contrairement à ce que certains ont pu croire, la Ferrari Roma n’est ni une version fermée, ni une remplaçante de la Portofino. C’est un modèle de plus, qui comble un trou dans la gamme. Et elle comble un manque bien plus important encore…

9 / 10
Publié le 23 septembre 2020
Temps de lecture : 9 min

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Mon humble avis, c’est celui d’un type qui, à l’âge de 8 ans, alors qu’il visitait un sous-Salon de l’auto au Hall des Foires de Coronmeuse (Liège), se figea devant la toute nouvelle Testarossa. Il en résulta un amour fou pour les Ferrari de route, nourri de toutes celles qui suivirent la Testarossa, et plus encore de toutes celles qui l’avaient précédée. Amour fou, mais pas aveugle. Bien des années plus tard, ayant désormais la chance inouïe de vivre de sa passion, le type a vu Ferrari délaisser ce qui était une partie importante, voire cruciale, de ce qui avait fait d’elle la marque la plus désirée au monde. Le sens du beau !

Une fois encore, c’est un avis certes très personnel, mais qui fera peut-être écho auprès de certains d’entre vous : les Ferrari de ces dernières années, disons depuis la 430, ne perdaient-elles pas progressivement cette sensualité, cette “féminité” qui les caractérisait ? N’ont-elles pas troqué leur pouvoir de séduction contre l’expression vaniteuse de l’agressivité et de la performance ? Comparez une GTC4 actuelle à une 456 GT, une 288 GTO à une LaFerrari, une 365 Daytona à une 812 Superfast… Une Ferrari ne peut pas se contenter de vous impressionner. Elle doit vous rendre fou d’amour !

Glamour

Délire de journaliste un peu spécial ? Pas sûr, à en juger par le « slogan » de la Roma : La Nuova Dolce Vita. Durant la présentation, il en effet été dit que la Roma devait permettre à Ferrari de renouer avec les sixties, époque des glorieuses séries 250 et 330. Des voitures glamour, jamais théâtrales, au volant desquelles des stars tout aussi glamour aimaient être vues. Delon et Bardot, Loren et Mastroiani… La liste est longue !

Objectif atteint : toute en galbes et en simplicité, la Roma est la réincarnation moderne de ces Ferrari. J’avoue pourtant ne pas avoir été conquis par les premières photos, et avoir fait la moue face à l’évidente ressemblance avec les Aston Martin actuelles. Mais quand on est en présence de la voiture, on craque instantanément, et les nuances de design qu’on peut alors percevoir estompent partiellement l’impression de ressemblance. Partiellement seulement, mais ce n’est pas grave. Car finalement, dans ces années qu’évoque la Roma, il y avait déjà une certaine convergence dans le design des Ferrari, des Aston Martin, et même des Maserati. Question de modes, de tendances, d’air du temps… et peut-être d’état des notions d’aérodynamique. Bref, retrouver 60 ans plus tard des similitudes entre une Ferrari et une Aston n’a finalement rien de honteux.

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Conquête

Autre indice tendant à prouver que Maranello a conscience de son égarement, le constructeur prévoit que 70% des acheteurs de Roma n’auront jamais eu de Ferrari auparavant. De là à dire que dernièrement, les Ferrari étaient trop ostentatoires, trop m’as-tu-vu pour une certaine catégorie de conducteurs “de bon goût”, il y a un pas que j’ai bien envie de franchir. Mais tout n’est pas qu’histoire de design. Si la Roma attire en effet de nouveaux clients, ce sera aussi parce qu’elle est née pour être la sportive la plus pratique, la plus vivable au quotidien que la marque ait produite depuis longtemps. L’habitacle de la Roma tend donc plus vers le luxe et la classe à l’italienne que vers l’univers « course » des autres modèles de la marque. Ici, les formes douces et fluides sont enrobées de cuir raffiné, et le carbone est utilisé avec parcimonie. Petit détail touchant : les commandes de boîte (marche avant/arrière, mode manuel/auto) et l’activateur du Launch Control ne sont plus de simples boutons, mais des switch disposés sur une plaquette en alu qui évoque la légendaire grille de boîte manuelle. Ce détail est repris de la SF90 Stradale, tout comme le tableau de bord entièrement digital, entièrement configurable et dont chaque mode d’affichage est à la fois lisible et élégant.

Au centre de la console, un vaste écran tactile vertical donne accès au système multimédia connecté et aux différents paramétrages de la voiture. Très « user friendly », ce système n’a qu’un défaut : pour régler la clim, il faut passer par un menu. Si on le reproche à Peugeot ou Citroën, on ne va pas l’accepter de Ferrari ! On retrouve aussi dans la Roma un nouveau gimmick de la marque : le petit écran tactile installé face au passager, lui permettant de contrôler la navigation, le système audio, certains réglages, etc.

Derrière, il y a deux petites places, qui vont du symbolique au carrément inutilisable si le conducteur mesure plus de 1,70 mètre. Plus loin derrière, il y a un coffre de 272 litres assez réaliste, à fortiori si on voyage à deux et qu’on rabat les dossiers de banquette. Bref, on retrouve tous les ingrédients qui composent une sportive du quotidien. Disons même LA sportive du quotidien. En clair, ces fameux 70% de nouveaux clients, Ferrari semble les courtiser parmi les conducteurs de… Porsche 911.

Agile

Mais attention, pas n’importe quelle 911 : les Turbo ou Turbo S. Car sous le capot, il y a une évolution du V8 3.8 bi-turbo de la Portofino. Il développe ici 620 chevaux et 760 Nm, envoyés aux roues arrière uniquement via une nouvelle boîte double-embrayage 8 rapports, 6 kg plus légère que la 7 rapports des autres Ferrari. Plus légère, plus puissante, et de plus dotée d’un turbo revu (capable d’augmenter son régime de 5.000 tours instantanément au besoin), on comprend donc déjà que la Roma est plus réactive que la Portofino. Et nous le disions, la Roma n’est certes pas une sportive radicale comme la F8 Tributo, mais elle n’est pas non plus une GT qui préfère l’autoroute aux petites routes tortueuses.

Ca se perçoit dès les premières centaines de mètres au volant. Bien qu’elle soit effectivement très confortable sur une route de province italienne négligée, bien qu’elle évolue avec douceur dans le trafic, on sent que chaque muscle de la voiture est tendu, que tout est compact, que tout communique. Ce qui veut dire aussi que même en ville, même à faible allure, il y a déjà un sens de l’événement dans la conduite de la Roma. Et ce n’est que le début !

Car après, il y a les routes de montagnes, hélas copieusement « graissées » par des averses nocturnes. On nous prie donc instamment de laisser en position « Wet » le Manettino, ce désormais traditionnel sélecteur de mode des Ferrari. A juste titre, car le sol est effectivement très glissant, et l’ESP s’affolera au premier coup de gaz un peu trop enthousiaste ou un peu trop prématuré en sortie d’un virage.

Conduire une Ferrari dans ces conditions pourrait être stressant, mais pas du tout. Car la Roma est l’une des voitures les plus communicatives que j’aie eu la chance de conduire. On la comprend très vite, la confiance s’installe sans tarder. Après quelques minutes, on sait comment doser les gaz pour garder un rythme élevé sans surcharger le train arrière, tandis que le train avant, lui, est absolument imperturbable. Le grip est d’un autre monde, et ça met en valeur la direction plus précise qu’un sniper. N’empêche, vivement que le soleil sèche ce sol, vivement le mode Sport… Vœu exaucé plus tard dans la journée et là, c’est l’extase ! Bien sûr, la Roma est rapide. Très rapide. Mais ce n’est pas le plus important. Le plus important c’est qu’elle fait tout à la perfection. Aux qualités déjà constatées, rouler plus fort permet d’ajouter un équilibre fabuleux, une facilité de contrôle déconcertante, une boîte qui est au-moins l’égale de la PDK de Porsche, et surtout un freinage… comment dire ? Qu’une voiture freine aussi bien qu’elle accélère, c’est la moindre des choses. Le truc ici, c’est la qualité du toucher de la pédale. Je ne me souviens pas avoir rencontré une telle finesse de dosage, sauf peut-être dans la McLaren 675LT. Et quand tout cela se met bout à bout, qu’on l’a vraiment bien en main, la Roma semble… rétrécir. Ce n’est plus une voiture de 4,6 mètres de long et 2 de large qu’on emmène danser dans les virages, c’est une sportive aussi compacte et agile qu’une MX-5. Une MX-5 de 620 chevaux, qui chante comme la Callas !

Puisque c’est bien elle sa rivale, comparer la Roma à la 911 Turbo S est inévitable. La Ferrari a le même sens pratique que la Porsche, la même faculté à s’inclure dans le quotidien. Son habitacle est moins qualitatif, mais plus classe et plus luxueux. Enfin, si l’italienne est peut-être, en chiffres, moins performante, elle distille quelque chose de plus spécial en conduite normale, et n’est jamais, jamais intimidante en conduite (très) sportive. Et puis elle a un truc contre lequel ni une Porsche, ni une Aston Martin, ni une Mercedes-AMG GT ne peuvent lutter : c’est une Ferrari glamour, sensuelle, sexy, digne de ses aïeules des sixties !

Conclusion

Un célèbre journaliste anglais a dit un jour qu’étrangement, les Ferrari routières ne sont jamais aussi fantastiques que quand les F1 rament. La Roma arrive, la Scuderia est au fond du trou. Pour moi, ça peut rester comme ça.

La Roma en quelques chiffres

Moteur : V8 bi-turbo, essence, 3.855cc ; 620ch de 5.750 à 7.500 tr/min ; 760Nm de 3.000 à 5.750 tr/min.

Transmission : aux roues arrière.

Boîte : double-embrayage 8 rapports.

L/l/h (mm) : 4.656/1.974/1.301

Poids à vide (kg) : 1.570

Volume du coffre (l) : 272 – 385

Réservoir (l) : 80

0 à 100 km/h (sec.) : 3,4

Prix : 193.129 € TVAC

Puissance : 620 ch

V-max : + de 320 km/h

Conso mixte : NC

CO2 : NC

Qualités
  • Enfin une Ferrari glamour
  • Réellement vivable au quotidien
  • Touché de route fabuleux, communicative
  • Freinage irréprochable
  • Moteur-boîte
Défauts
  • Places arrière symboliques
  • Détails de finition
  • Commandes de clim « à la Peugeot »

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Par Laurent Zilli Professionnel indépendant de la rédaction et de l'édition

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