Tu sais, Jeep, tu es une marque que j’adore, vraiment, sincèrement. Le monde entier a énormément de respect pour toi, pour ce que tu représentes, et pour à peu près tout ce que tu as fait depuis ta naissance. Tu as un magnifique parcours. Et je veux te le dire : je pense que tu es la seule marque, avec Land Rover, à avoir une absolue légitimité dans le domaine du SUV. Quand le monde retrouvera ses esprits, que cette vague actuelle mourra de sa belle mort, je souhaite que toi et l’anglaise soyez les seules dernières marques à produire du SUV, et du bon SUV, comme avant. Plus le temps passe, plus j’en ai assez de tous ceux qui t’imitent avec des bidules bien incapables de faire ce que tu fais. Mais quand toi tu commences à imiter leurs imitations, je ne comprends plus…
J’ai souri
Au début, quand j’ai su que tu allais lancer ce Grand Cherokee Trackhawk, je te jure, j’ai souri, j’ai trouvé ça dingue. Mais tu sais, chouette dingue ! Dingue à l’américaine. Tu penses : greffer le V8 6.2 à compresseur de ta cousine Dodge Hellcat, la muscle-car par excellence, sous le capot du Grand Cherokee, faut n’avoir peur de rien ! Et dans un monde automobile qui a peur de son ombre, on se dit que ouais, allez, un peu de folie est toujours bonne à prendre. 717 chevaux et 845 Nm dans un Grand Cherokee qui devient du coup le SUV le plus puissant de la planète et qui fume un Lamborghini Urus au démarrage… Rock’n Roll, j’adore !
Et puis j’ai lu que tu prenais les choses vachement au sérieux, en fait. Hauteur de caisse diminuée de 4 cm, amortisseurs Bilstein à 3 modes, une transmission 4×4 sans boîte de transfert mais avec de nouvelles lois de répartition, jusqu’à 70% du couple à l’arrière… T’avais bien fait les choses. Et à priori, on devrait te saluer pour ça. Sauf que… tu es Jeep, ma chérie ! Et tout ce que je viens d’énumérer, c’est tout ce qui t’éloigne de ce qui fait ta force, ton âme. Là, j’ai déjà un problème. Et si ce n’était que ça…
La trouille
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Bon, j’ai quand-même fait mon job. Et puis comme je t’aime tant, j’ai été curieux. Donc quand on m’a proposé d’essayer ton monstre, ben j’y suis allé, avec le moins d’à priori possible. Mais je t’avoue que ça n’a pas été facile.
Pour te dire la vérité, t’as quand-même failli m’avoir. Pendant une trentaine de kilomètres, pendant que je cherchais un endroit calme et sûr pour tester ton Trackhawk dans les règles de l’art, il m’a donné quelques frissons. Moi qui suis sensible au caractère d’un moteur, j’ai été servi. J’ai même découvert quelque chose. D’habitude, on aime le son puissant d’un V8, c’est ce qu’on attend d’un moteur de ce genre. Mais dans le Trackhawk, c’est pas ça qu’on a. On a le sifflement du compresseur, un truc menaçant, genre sale bête. Jamais j’aurais cru que ça me plairait, et j’ai sur-kiffé ! Donc tu vois, je n’avais pas décidé d’entrée de ne pas l’aimer, ton Trackhawk. Il m’a même impressionné, par certains points. En même temps, faut que je te dise : quand tes fesses sont là où serait ta tête dans une vraie sportive de 700 chevaux, la sensation de vitesse est très relative. Quasi inexistante, en fait…
Et puis, que tu le veuilles ou non, y a un petit truc qui finit par s’inviter à la fête. Un truc tout con, du genre inflexible, pas sensible à la rigolade, qu’on appelle “lois de la physique”. Quand elles se sont pointées, j’ai carrément eu la trouille. C’est quand j’ai poussé la première vraie grosse accélération, avant le premier virage à négocier comme un journaliste auto. J’étais debout sur les freins et ça ralentissait pas du tout comme j’espérais. J’ai senti mes tempes se glacer. Là, ça ne va pas du tout, ma Jeep adorée. Déjà, une pédale de frein aussi spongieuse, dans un engin de 700 ch, hein… Mais si au moins ça pilait ! Ben non ! Pour avoir l’impression que les freins sont efficaces, il faut se contenter de 70% des capacités du moteur…
Tu sais, le plaisir d’une vraie sportive, c’est que même quand elle attaque fort, en accélération, en virage, en freinage, elle donne une impression de facilité. Ton Trackhawk, on ne sent que sa lutte perpétuelle contre ces lois de la physique.
Ca suffit
Si ça peut te rassurer, t’es pas la seule. Tous les SUV soi-disant sportif de 2,5 tonnes, les Mercedes AMG, les BMW M, les Land Rover SVR, je vous vois tous pareil : des éléphants de cirque dressés à se tenir en équilibre sur leurs grosses patounes avant. Spontanément, on se dit que c’est impressionnant, voire marrant. Mais au fond, c’est pas fait pour ça et ça ne le sera jamais. Et tu sais le pire ? C’est qu’à force de faire des trucs pareil, toi et tes collègues, vous donnez du grain à moudre à tous les anti-bagnoles de la terre qui veulent votre mort. Déjà qu’ils vous aiment pas, mais en cumulant ce qu’ils considèrent comme le pire du pire, c’est-à-dire les gros moteurs surpuissant, et du SUV, vous vous tirez une bonne grosse balle dans le pied. Comme ces artistes qui ne traitent pas toujours assez bien leurs animaux.
Conclusion
Si vous aimez les SUV complètement déjantés, celui-ci vous plaira. Mais surtout, n’en parlez pas aux anti-bagnoles !
Le Grand Cherokee Trackhawk en quelques chiffres
Moteur : V8, compresseur, essence, 6.166cc ; 717ch à 6.000tr/min ; 875Nm à 4.000tr/min.
Transmission : aux 4 roues.
Boîte : auto 8 rapports.
L/l/h (mm) : 4.850/1.950/1.750
Poids à vide (kg) : 2.456
Volume du coffre (l) : 495 – 1.689
Réservoir (l) : 94
0 à 100 km/h (sec.) : 3,6
Prix : 123.400 € TVAC
V-max : 290 km/h
Conso. mixte : 16,8 l/100km
CO2 : 385 g/km
- Moteur phénoménal
- Performances chiffrées
- Freinage insuffisant
- Poids
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