Car en novembre prochain, ce n’est pas juste la carrière d’une nouvelle Corsa qui sera lancée, mais bien une ère nouvelle pour le constructeur. Plus personne n’ignore qu’Opel a intégré le groupe PSA l’an dernier, et pour le constructeur allemand, qui avait passé quelque 80 ans sous la coupe de GM, c’est plus qu’un changement, c’est comme une nouvelle naissance. Les ingénieurs que nous avons rencontrés lors de l’événement, dont certains développent des Opel depuis plus de 30 ans, nous ont expliqué l’impact de cette nouvelle ère sur leur travail.
De vrais échanges
En gens bien élevés qui ne souhaitent pas cracher dans la soupe, les gens d’Opel n’ont pas eu un mot plus haut que l’autre pour leur ancienne famille. C’eût pourtant été facile, du moins de notre point de vue. La marque a traversé de longues périodes d’incertitudes financières, de long creux créatifs, et même si nous ne sommes dans les secrets des dieux, les antécédents de General Motors ont de quoi rendre suspicieux. La façon dont certaines ont été abandonnées jusqu’à mourir d’asphyxie, dont d’autres ont été tout bonnement tuées (quelqu’un a dit Saab ?), cette propension à méconnaître totalement l’âme, l’identité des marques dont GM avait le destin en main… Tout cela donne le sentiment tenace d’une organisation “verticale” : les décisions, souvent prises sans grande vista, viennent d’en haut, et doivent être répercutées vers le bas de façon obtuse, point barre.
Chez Opel, on ne le dit donc pas comme ça. On explique que la marque était la branche européenne du groupe, et avait pour mission de développer des produits adaptés au marché européen, dont certains avaient l’insigne honneur d’être déclinés en versions américaines. Mais c’est quand ils commencent à parler de leur relation avec PSA qu’on sent chez les ingénieurs une certaine satisfaction. Sur le plan strictement “professionnel”, ils évoquent de réels échanges entre Opel et les marques françaises du groupe, un vrai partage de compétences. Le constructeur allemand s’est par exemple rapidement vu confier le premier rôle en ce qui concerne les futurs utilitaires du groupe. Sur un plan plus personnel, les ingénieurs nous ont dit leur stupeur de n’avoir dû s’enregistrer qu’une seule fois lorsqu’ils ont visité pour la première fois les usines et les centres de développement français, ne plus devoir montrer patte blanche lors des visites suivantes et même… profiter des mêmes tarifs que les Français à la cantine ! Ca peut faire sourire mais en clair, les gens d’Opel sont abasourdis d’être traités d’égal à égal, exactement comme les gens de Peugeot, Citroën ou DS. Si ça, ça n’en dit pas long sur GM…
Tout cela pour dire que si vous avez été bien en peine de vous prendre de passion pour les modèles Opel ces dernières années (décennies), c’est peut-être parce que ceux qui créent ces modèles n’avaient pas le pouvoir d’utiliser leur plein potentiel. Et on a le sentiment que c’est là le plus gros changement qui s’annonce !
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4 mois
Mais venons-en au sujet du jour : la future Corsa. Actuellement, elle en est à 80% de sa gestation. Les voitures que nous avons essayées sont des prototypes de second stade de pré-production sur quatre. On n’en est donc pas encore au point de scruter des choses comme la qualité de finition, ou le fonctionnement de certains systèmes électroniques. Ce qu’Opel nous a invités à faire ne sont donc pas des essais “in-extenso”, mais des “Validation Drive”. Des essais servant à valider tel ou tel choix fait par les ingénieurs, à vérifier qu’ils sont sur la bonne voie pour atteindre les objectifs recherchés.
Avant de vous parler de ces objectifs, nous voulons tirer notre chapeau aux ingénieurs. Car il faut savoir que le chantier de la nouvelle Corsa avait été lancé bien avant le rachat par PSA, et que la voiture était pratiquement finie au moment de la signature. Puis, suite au rachat, il a été décidé que la nouvelle Corsa reposerait sur une toute nouvelle plateforme du groupe français, à savoir la CMP, déjà inaugurée par le DS3 Crossback et qu’on retrouvera aussi sous l’imminente Peugeot 208. Tout le développement réalisé n’a évidemment pas été jeté aux ordures, mais qui dit changement de plateforme dit modifications très profondes. Le travail “virtuel” a donc vite commencé mais pour les travaux pratiques, Opel n’a reçu la plateforme que début 2019 ! Un peu moins de quatre mois pour parvenir à ce que nous avons eu entre les mains, c’est une performance remarquable !
Portrait-robot
Ce qu’on peut déjà vous dire de la future Corsa, c’est premièrement, plateforme oblige, qu’elle utilisera les moteurs 1.2 essence (75 et 130ch) et 1.5 diesel (100ch) du groupe, ses boîtes manuelle 6 et auto 7, mais aussi que la Corsa sera déclinée début 2020 en version 100% électrique. La plateforme place par ailleurs la Corsa sur la voie suivie depuis quelque temps par PSA : l’allègement. La nouvelle petite Opel perd ainsi jusqu’à 108 kilos par rapport à sa devancière, et la version la plus légère est annoncée à 980 kilos. Bon pour la conso, les émissions, le comportement… Bon pour tout !
Par ailleurs, cette plateforme a un potentiel dynamique certain, qu’il convient d’exploiter. Partant du principe que les clients à la recherche d’une assise élevée s’orientent désormais vers les SUV, Opel a décidé de rendre la Corsa plus engageante en abaissant la position de conduite de 3 cm. Longueur et largeur de la voiture seront pratiquement inchangées. Par contre, l’empattement gagne lui aussi 3 cm, la hauteur les perd, le porte-à-faux avant est réduit de 5 cm… Bref, les proportions de la Corsa devraient refléter ce côté “plus fun à conduire”. Enfin, on sait que le volume du coffre passera à 309 litres, soit 24 de plus que dans la Corsa actuelle.
Les intentions
Avant de nous confier les clés, les ingénieurs nous ont expliqué leurs intentions pour la Corsa, autrement dit comment elle doit se positionner à la fois sur le marché, et au sein du groupe. La Corsa doit être l’Allemande de la bande, et ça doit se ressentir à chaque seconde : dans la conduite, dans le ressenti des commandes… Elle doit avoir ce côté précis et sérieux. Voilà son cahier de charges, et voici l’heure de la vérification.
Franco-allemande
Ce premier contact est déjà extrêmement prometteur. D’abord, on n’a jamais connu une Corsa aussi légère, aussi enjouée. On ne lui a jamais connu un train avant aussi mordant. Et pas sûr qu’on ne lui ait jamais connu un confort aussi bien dosé. En fait, nous avons tous pris énormément de plaisir à conduire cette presque-Corsa qui, par la vivacité de ce toujours excellent 1.2 130ch, par ce fameux train avant, par ce sentiment de légèreté, nous rappelait unanimement une… Peugeot. Remarque que les ingénieurs n’ont pas particulièrement bien accueillie, car ça signifie qu’il reste pas mal de travail de germanisation à faire. Il faudra donner un peu plus de consistance à la direction et à la commande de boîte, peut-être raffermir l’amortissement, juste un brin.
En revanche, certaines choses sont clairement “Opel”. Les sièges d’abord, qui ont déjà ce confort ferme à l’allemande. Et puis ce que nous avons pu voir, en soulevant les tissus de camouflage, de la planche de bord. Outre les écrans de l’ordinateur de bord et du système multimédia, rien ne semble être un copier-coller de chez Peugeot ou Citroën. Le design intérieur reste dans la lignée de ce qu’on connait de la marque mais surtout, dans un souci d’ergonomie très allemand, Opel a conservé des boutons que les marques françaises du groupe s’obstinent à laisser de côté, pour les commandes de climatisation par exemple. Excellent point, et on espère que si influence il y a, ce sera d’Opel vers les autres !
On y croit
En l’état actuel des choses, la nouvelle Opel Corsa n’est donc pas encore la voiture résolument germanique qu’elle désire être. Par contre, c’est une petite bête déjà pleine d’une joie de vivre communicative. Pour peu que dans les quelques mois qui nous séparent du lancement, elle parvienne à renforcer sa germanitude, la Corsa montrera que PSA aura réussi à faire ce dont tout le monde doutait : différencier trois marques généralistes jouant dans la même catégorie. Le dynamisme assumé pour Peugeot, le confort moelleux et l’originalité pour Citroën, le plaisir sérieux et le confort ferme pour Opel. Verdict avant la fin de l’année !
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