ESSAI McLaren GT : Tout est relatif…

Avec la bien-nommée GT, McLaren entend investir le segment prisé du « grand tourisme ». Mais le constructeur britannique suit sa propre voie…

8 / 10
Publié le 4 novembre 2020
Temps de lecture : 7 min

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La définition du « grand tourisme » qui se cache derrière les initiales GT est complexe. Historiquement, elle désigne une voiture permettant de voyager dans le plus grand confort, mêlant luxe et puissance, et en emmenant les bagages nécessaires pour un week-end à Knokke où une semaine sur la Côte d’Azur. Si on demandait à une assemblée de citer les premiers modèles GT qui leur viennent à l’esprit, on se retrouverait certainement avec une multitude de Bentley Continental et d’Aston Martin, quelques Jaguar F-Type, Ferrari GTC4Lusso et autre Roma, et une poignée de Maserati GranTurismo. Autant de modèles à l’architecture assez semblable, celle qui semble se prêter au mieux à ces impératifs : un moteur avant, deux places – et deux d’appoint dans certains cas – un habitacle cossu et raffiné, et un grand coffre arrière. Vous me direz que la Porsche 911 dispose d’un moteur arrière et d’un coffre avant. Et c’est vrai, mais c’est l’une des rares exceptions, avec peut-être l’Audi R8. Et la Ford GT, qui n’a toutefois de GT que le nom, puisqu’elle est surtout une redoutable pistarde. Vous l’aurez compris, donner une définition unique du terme GT est pratiquement impossible, tant l’interprétation est propre à chacun. Et McLaren d’apporter la sienne…

Digne d’un monospace ?

Le constructeur britannique présente cette GT comme la McLaren la plus à même d’être utilisée au quotidien et de vous emmener pour de longues routes. Elle inaugure par ailleurs une nouvelle catégorie dans la gamme, aux côtés des Sport Series, Super Series et Ultimate Series existantes. Moins orientée vers la sportivité pure, la GT se distingue par une allure plus habillée, des pare-chocs et des feux moins agressifs, et de manière générale plus d’élégance. Sur le fond, cette GT n’est pas une voiture 100% nouvelle, puisqu’elle partage nombre de ses composants avec les modèles Sport Series, parmi lesquels la 570 GT, dont elle prend de facto la relève. C’est notamment le cas du châssis et de la cellule centrale en fibre de carbone, élément caractéristique des modèles de la marque. Pas question donc de déplacer le moteur, qui reste en position centrale arrière. Une architecture à priori peu propice à libérer beaucoup d’espace de chargement, vous en conviendrez. Et pourtant, McLaren promet… 570 litres de volume utile ! Vous ne rêvez pas : c’est plus qu’un Renault Scénic ou un Volkswagen Tiguan ! Oui mais…

Pour atteindre une telle valeur, la GT reçoit un tout nouvel aménagement du compartiment arrière. Le moteur est caréné au plus près, et le large hayon – dont l’ouverture remonte plus haut encore que sur la 570 GT – libère un accès facile à l’espace situé derrière les occupants. Tout cela offre donc un volume de 420 litres selon la marque, mais que les formes biscornues rendent difficilement exploitables dans les faits. Mieux vaudra privilégier les sacs de voyage souples, et mettre les bagages format « cabine » dans les 150 litres aux formes régulières de l’espace avant.

Le reste de l’habitacle livre une interprétation toute personnelle du « luxe » qu’on attend d’une GT. Certes les habillages sont jolis, et peuvent être personnalisé à l’envi en faisant appel aux services de MSO. Mais l’on reste néanmoins dans un univers très (très) sportif, puisque rien ou presque ne change par rapport à une 570 GT. Le constructeur nous annonce un écran moins orienté vers le conducteur pour permettre au passager de se charger du multimédia, et quelques rangements ont été cachés dans les portières.

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McLaren pour la ville…

C’est l’occasion idéale d’apprécier la polyvalence vantée par la marque. Et nous constatons rapidement que le moteur V8 4.0 fait preuve d’une belle élasticité en ville. Ses courbes de puissance et de couple ont été adoucies pour en améliorer les prestations à bas et moyens régimes, et cela porte ses fruits : dans le trafic, la GT est exempte d’à-coups et fait même preuve de beaucoup de fluidité dans les arrêts et redémarrages. Les suspensions retarées absorbent bien les dégradations de l’asphalte, ce qui procure un confort étonnant pour une voiture de cette trempe. Bien sûr on n’est pas dans le moelleux ouaté d’une Bentley, mais on est loin de la sportive pure et surtout dure. Cette GT profite aussi d’une garde au sol rehaussée de 11 à 13 cm et du Proactive Damping System qui, grâce à une série de capteurs placés à l’avant, permet d’appréhender la surface devant la voiture et d’adapter l’amortissement en conséquence. Donc, oui, on pourrait tout à fait envisager d’utiliser ce coupé au quotidien.

… mais McLaren quand même !

Mais chassez le naturel, il revient au galop, dit l’adage. Ainsi, on se montrera dubitatif quant au fait d’avaler de très longues routes au volant de cette GT. Pas pour le confort, excellent comme on l’a dit, mais plutôt pour le niveau sonore. Même tous curseurs (châssis et moteur) sur « Confort », même à allure réduire, même à faibles rotations, le son du V8 reste très présent dans l’habitacle. Et ce « bourdonnement » à vitesse stabilisée pourra être irritant à la longue. Un moindre mal sans doute. D’autant que ce moteur nous rappelle que ses 620 chevaux et 650 Nm sont prêts à bondir à tout instant. Comme sur les autres modèles de la marque, la boîte automatique à 7 rapports est d’une réactivité exemplaire, repassant 2, 3, 4 rapports à la volée lorsqu’on écrase la pédale, ce qui procure une explosivité rare sur une GT. Une réactivité que l’on doit aussi au poids de 1.530 kilos seulement, ce qui fait de l’Anglaise la plus légère de son rang, et de loin. Cette légèreté est directement proportionnelle au plaisir ressenti au volant lorsque la route se tord. En plaçant les molettes sur Sport (il existe aussi un mode Track, pour la piste), l’agilité reste celle d’une McLaren en dépit d’une direction annoncée assouplie, et les courbes sont avalées à une vitesse vertigineuse. Les 3,2 secondes sur le 0 à 100 km/h parlent d’elles-mêmes ! La GT est aussi très équilibrée, ce qui participe à la facilité avec laquelle elle se laisse mener en toutes conditions. Car quel que soit le rythme adopté, ce coupé fait preuve sur la route d’une certaine décontraction, que l’on ne connaissait pas à la marque. Cette McLaren est donc bien une GT, mais une GT façon McLaren !

Conclusion

D’un point de vue McLaren, cette GT en est bien une. Mais elle semble assez difficile à cerner : moins sportive brute que les autres modèles de la marque, mais plus qu’une Audi R8 ; plus logeable qu’une Bentley mais nettement moins pratique ; plus agile qu’une Jaguar mais moins confortable qu’une Porsche… Sa vraie force, c’est finalement de n’être comme aucune autre !

La McLaren GT en quelques chiffres

Moteur : V8, essence, biturbo, 3.993cc ; 620 ch à 7.500 tr/min ; 630Nm de 5.500 à 6.500 tr/min

Transmission : aux roues arrière

Boîte : auto 7 rapports

L/l/H (mm) : 4.683/2.675/1.223

Poids à vide (kg) : 1.530

Volume du coffre (l): 420 + 150

Réservoir (l) : 72

0 à 100 km/h (sec.) : 3,2

Prix : 201.500 € TVAC

Puissance : 620 ch

V-max : 326 km/h

Conso. mixte : 11,9 l/100km

CO2 : 270 g/km

Qualités
  • Style fluide et élégant
  • Confort étonnant
  • Polyvalence globale
  • Sportivité et agilité intactes
  • Volume utile énorme…
Défauts
  • … mais compliqué à exploiter
  • Sonorité envahissante sur autoroute
  • Intérieur moins cossu qu’escompté

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Par Nicolas Morlet Journaliste freelance

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